Édouard III
Retour en majesté
William Shakespeare / Cédric GourmelonNon, ce n’est pas tous les jours qu’on découvre une nouvelle pièce de Shakespeare. Publiée anonymement à la fin du XVIe siècle, définitivement attribuée au “barde immortel ” en 2010, Édouard III n’avait encore jamais été jouée dans l’Hexagone. La grande première a lieu dans les Hauts-de-France, grâce une mise en scène de Cédric Gourmelon, le directeur de la Comédie de Béthune.
C’est un des monarques iconiques de la perfide Albion. Roi d’Angleterre durant un demi-siècle, de 1327 à 1377, Édouard III connut un règne des plus mouvementés, notamment marqué par la guerre de Cent Ans. Pour rappel, à la mort de Charles le Bel, le Britannique revendiquait ni plus ni moins que la couronne de France (en qualité de petit-fils de Philippe le Bel, donc héritier direct). Durant ces batailles épiques, il mit d’ailleurs quelques raclées aux “frenchies”, par exemple dans le Pas-de-Calais. Voilà pour le contexte historique dont s’est inspiré Shakespeare… tout en jouant un peu avec la réalité, à l’image de cette passion du roi pour la comtesse de Salisbury, largement remise en cause aujourd’hui – « Honni soit qui mal y pense ! », pour le citer.
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Mais peu importe la vérité historique, « car c’est vraiment ce qui en fait une œuvre atypique, explique Cédric Gourmelon. Ça démarre comme une histoire d’amour avant de basculer dans la guerre. On passe par tous les registres : le tragique, le romantique, la comédie, le mystère, le fantastique même ». Le directeur de la Comédie de Béthune, qui avait mis en scène en 2008 Édouard II (le père d’Édouard III donc) d’après Christopher Marlowe (grand rival de Shakespeare !) est enthousiaste à l’idée de faire entendre pour la première fois en France cette langue « à la fois simple et universelle ». Pour autant, « il ne s’agit pas d’un travail archéologique », précise-t-il. Si elle reprend les codes intimistes du théâtre élisabéthain, cette pièce éminemment moderne joue aussi la carte du spectacle. Au programme ? Une bande-son oscillant entre chant lyrique et techno, de la vidéo, d’impressionnantes machines de guerre (comme un trébuchet) sur le plateau… et surtout la sensation d’avoir vécu un grand moment d’histoire théâtrale.



