David et Jonathas
Baroque en stock
Jean Bellorini / Wilfried N'SondéEst-ce un opéra biblique ? Une tragédie lyrique ? On n’a jamais trop su comment cataloguer David et Jonathas (1688) de Marc-Antoine Charpentier. Sous la baguette de Sébastien Daucé, et enrichi d’un nouveau livret théâtral, ce chef-d’oeuvre inclassable du baroque s’offre une nouvelle jeunesse à Lille.
Vainqueur du géant Goliath, David est chassé d’Israël par le roi Saül, jaloux de ses succès et de son influence. Le héros trouve refuge chez les Philistins, ses anciens adversaires, mais conserve une amitié indestructible pour Jonathas… le fils de Saül. Or, éclate une guerre entre Israélites et Philistins. Jonathas est tué. Saül demeure inconsolable et David devient roi. Combat fratricide, victoire endeuillée… Pas de doute, nous sommes en pleine tragédie. Un système « minutieux, bien huilé depuis toujours. La mort, la trahison, le désespoir sont là, tout prêts » pour citer Jean Anouilh.
Guerre éternelle
À l’origine, en 1688, le compositeur Marc-Antoine Charpentier (1643-1704) saisit l’occasion de donner la pleine mesure de son talent, après des années de règne de son rival Jean-Baptiste Lully. Destinée à éclairer les étudiants jésuites du Lycée Louis-le-Grand, l’oeuvre mêle théâéâtre en latin (une partie perdue) et opéra en français. Charpentier insiste moins sur les rôles politiques et sociaux que sur la psychologie des personnages – l’influence de Racine, peut-être ? Pour cette mise en scène, Jean Bellorini et Wilfried N’Sondé ont imaginé la séquence théâéâtrale manquante. Le tandem introduit également un nouveau personnage : une femme qui accompagne Saül. De quoi moderniser une pièce majeure du répertoire baroque dont le propos, hélas, fait toujours tristement écho à notre époque.