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Crise de foi

Des six longs-métrages tournés en une décennie par Nathan Silver, Carla et Moi est seulement le deuxième à sortir en France, après C’est qui cette fille (2018). Avec Sean Price Williams, ici directeur de la photographie, l’Américain s’inscrit pourtant dans une nouvelle vague très stimulante du cinéma indépendant.

Ben Gottlieb a perdu son épouse, morte en glissant sur une plaque de verglas. Ses mères aimeraient qu’il rencontre quelqu’un, mais lui ne semble pas prêt. Chantre pour une synagogue, il ne sort plus une note. Autant dire que ce n’est pas la grande forme. Ben a la silhouette de Jason Schwartzman. Joues pleines, yeux ronds, il pourrait être un personnage de BD. Lorsqu’il retrouve sa professeure de musique du collège (Carol Kane), bien plus âgée que lui, quelque chose se passe. Amitié, amour ? De cette incertitude, Nathan Silver tire des situations comiques tendres, et parfois grinçantes. Car la famille s’en mêle, et aussi le rabbin, qui aimerait caser sa fille. Hasard ou coïncidence, celle-ci a trait pour trait le visage de la défunte compagne. « Tu as parfois l’impression que ton cerveau fait une crise cardiaque ? », demande Carla à Ben. C’est ce que le spectateur éprouve aussi, devant le montage heurté, les très gros plans, les accélérés ou les effets de surexposition. Aucune coquetterie là-dedans, mais une façon de saisir les figures dans leurs élans, vacillements, fêlures. Schwartzman, engoncé dans une doudoune et traînant une interminable écharpe, est en tout cas délicieux.

Raphaël Nieuwjaer / Photo : © Sean Price Williams / Sony Pictures Classics

De Nathan Silver, avec Jason Schwartzman, Carol Kane, Dolly de Leon… En salle


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