Nilüfer Yanya
Au carrefour des sons
Son nom bruissait depuis quelques années. Deux albums, parus en 2019 et 2022, avaient mis la puce à l’oreille des plus attentifs. La rumeur évoquait une jeune Londonienne, multi-instrumentiste et originaire d’une banlieue chic (celle de Chelsea). On y entendait du folk, beaucoup, des scansions rap, parfois, et des dérapages drum’n’bass aussi. Un syncrétisme qui s’expliquait par son terreau (Londres, donc) et ses racines : un père turc, une mère irlando-bardadienne, ça ouvre forcément l’esprit. L’ensemble contenait son lot de maladresses… et de promesses. Enfin tenues sur un troisième disque (My Method Actor) s’autorisant le délayage. Passé quelques rares guitares saturées typiques des nineties dépressives (Nirvana, Soundgarden), c’est un festival de douceur et de modestie. L’Anglaise semble avoir assimilé un demi-siècle de pop, de rock et de soul pour en livrer sa version. Indigeste, pensez-vous ? Pas du tout ! Voici des compositions sobres, co-écrites avec Wilma Archer (MF Doom, Celeste). Soit une production moderne jouant la carte de la sobriété et laissant tout l’espace au chant de Nilüfer, dont la délicatesse rauque évoque Joni Mitchell. Un souffle qui, sur scène, file la chair de poule.