Passeport
Face à l’exode
Le Porteur d’histoire, Le Cercle des illusionnistes, Edmond… Alexis Michalik s’est imposé, en une petite dizaine de pièces, comme la star d’un théâtre grand public de qualité. Le dramaturge et metteur en scène retrace cette fois le parcours du combattant d’un jeune réfugié pour obtenir un titre de séjour.
Il présente Passeport comme son œuvre « la plus politique ». Alexis Michalik, cinq Molières au compteur, s’empare ici du sujet difficile des migrations. C’est d’ailleurs sur la tristement célèbre jungle de Calais que le rideau se lève. On découvre Issa, un Érythréen en quête de jours meilleurs en Angleterre, devenu amnésique après avoir été tabassé. Il a tout oublié du voyage et de son arrivée dans la froideur humide du camp. Sa seule chance réside dans un bout de papier : son passeport, grâce auquel il va tenter de se reconstruire et trouver sa place en France… S’intéressant précédemment à la PMA (Une Histoire d’amour) ou à la prison (Intra Muros), le metteur en scène a déjà montré son talent vis-à-vis des sujets de société. Avec sept comédiens sur le plateau, dont l’humoriste Kevin Razy, Michalik choisit de tirer cette pièce engagée vers la fable, « désamorçant » l’âpreté des parcours par des touches d’humour. Les décors figurant aussi bien un hôpital en bord d’autoroute qu’un commissariat nous rapprochent du terrain. Surtout, le mariage des langues révèlent un spectacle éminemment humaniste, où l’espoir n’est pas complètement exclu.