The Clockworks
Les outsiders
Voici vingt ans, The Clockworks auraient fait la Une du NME et se seraient sans doute foutu sur la tronche avec Pete Doherty. En 2024, ces classicistes de Dublin publient un premier album dans une relative discrétion. Pourtant, celui-ci mérite toute notre attention avant de découvrir la bande, parfaitement à l’aise sur scène.
Il y a quelque chose de très britannique chez The Clockworks, un lyrisme jadis croisé chez Echo & The Bunnymen, The Smiths ou (un peu) plus près de nous, The Libertines. Quelque chose de très irlandais aussi, évidemment. Cet art de manier vers rocailleux et rage rentrée, la mélancolie portée en étendard et la posture bravache de celui qui ne s’effondrera pas sur les marches du pub. Des clichés ? Parlons plutôt de motifs (le romantisme échevelé de Mayday Mayday) ou de tropismes (Car Song et sa nervosité urbaine). Pas un hasard s’ils ont séduit Alan McGee : le patron de feu Creation Records (Primal Scream, My Bloody Valentine, Oasis) demeure avant tout un incurable fan de rock’n’roll pétri d’histoires… et d’Histoire. Oh, il n’a plus le flair d’autrefois, et il n’est pas dit que The Clockworks durent bien longtemps – avec un nom pareil, on pense forcément au temps qui passe, et à l’urgence de profiter de chaque seconde. N’empêche, l’inaugural Exit Strategy tient la dragée haute à des rivaux locaux et très médiatisés, tels Fontaines D.C. ou The Murder Capital… Se dégagent de ce quatuor aux modestes prétentions une franchise et une honnêteté qui font tout le charme, immense, des groupes de Ligue 2.