Home Théâtre & Danse Liberté Cathédrale

En communion

© César Vayssié

Boris Charmatz aime se poser là où ne l’attend pas. Le Savoyard présente à l’Opéra de Lille sa toute première création française avec le prestigieux Tanztheater Wuppertal, compagnie fondée par Pina Bausch, qu’il dirige depuis août 2022. À travers Liberté Cathédrale, il tente de bâtir… « une église humaine ».

L’Opéra de Lille célèbre son centenaire. Un anniversaire hors norme marqué par un spectacle qui l’est tout autant. La vingtaine d’interprètes de Liberté Cathédrale (conçue pour être jouée dans les églises) prend en effet place sur un dancefloor majestueux : un parquet dressé de la salle à la scène, abolissant la frontière entre les deux. Les spectateurs entourent les artistes (parfois les touchent) durant cette pièce débordant d’humanité. La nuée de danseurs chante d’abord a cappella le complexe Opus 111 de Beethoven – écrit pour le piano. Puis, au son des cloches, le collectif implose sur le plateau. La révolte s’intensifie durant la partition sur orgue de Phill Niblock. À l’arrivée de cette musique suggérant la fin du monde, les corps semblent pétrifiés. Les visages deviennent grimaçants, la bouche ouverte. Le son est entravé. Des instants silencieux étouffent les cris. Boris Charmatz dénonce ici les abus sexuels perpétrés au sein de l’Église catholique… Après l’effondrement, une ronde réunit à nouveau les danseurs. Les corps se rapprochent dans une communion mêlant carillon et orgue. L’ensemble, telle une fête techno, souligne le vrai sujet de la pièce : « l‘amour comme ouverture absolue ».

Fatma Alilate / Photo : © César Vayssié
Informations
Lille, Opéra

Site internet : http://www.opera-lille.fr

14.12.2023>19.12.202320h (sauf sam : 18h), 37 > 5€
Articles similaires