Bâtiment 5
Au pied du mur
Après le succès retentissant des Misérables en 2019, Ladj Ly a-t-il évité l’écueil du proverbial “difficile-second-film” ? Hélas non. Dans Bâtiment 5, le réalisateur de 45 ans raconte la lutte opposant les habitants d’un immeuble vétuste à une municipalité bien décidée à les expulser. Un drame social au parti pris fort, mais qui sombre dans le manichéisme.
Haby, archiviste dans une mairie en région parisienne, vit depuis toujours dans le bâtiment 5 où elle aide des familles d’origine étrangère. Alors que Noël approche, la municipalité fait face au décès soudain du maire, et en nomme un nouveau en la personne de Pierre. Au même moment, Haby découvre un projet de réaménagement gardé secret par les élus : son immeuble sera rasé et tous ses habitants ne pourront être relogés. La tension monte. Un bras de fer s’engage entre les locataires et l’édile, qui a recourt aux forces de l’ordre pour les mater.
Sans nuances
Si Ladj Ly a fait mouche en 2019 en proposant une lecture juste des rapports entre forces de l’ordre et la jeunesse des banlieues, c’est moins le cas ici. Le film s’enfonce dans la caricature en opposant d’irréprochables habitants, victimes d’un homme de pouvoir, forcément véreux, aux allures de dictateur. Comble du cynisme, celui-ci interdit les regroupements de jeunes, tout en se prenant en photo avec des réfugiés pour feindre l’humanité… Privant ses personnages de complexité, le cinéaste dessert son propos, qui perd en réalisme. Malgré un plan séquence inaugural plutôt réussi, la réalisation elle-même manque d’imagination. Dommage.
De Ladj Ly, avec Anta Diaw, Alexis Manenti, Jeanne Balibar… Sortie le 06.12