Le Gang des bois du temple
Détournement de fond
Avec Le Gang des bois du temple, Rabah Ameur-Zaïmeche (Wesh wesh, qu’est-ce qui se passe ?, Histoire de Judas, Terminal Sud) creuse toujours plus la veine d’un cinéma politique et engagé. Inspiré de deux faits divers, le film, tendu comme un arc, confirme l’un des réalisateurs les plus talentueux du moment.
Le Gang des bois du temple s’ouvre par un panoramique révélant le lieu de l’action, Clichy-sous-Bois. Un ciel bas et lourd, menaçant, indique au spectateur que Rabah Ameur-Zaïmeche va déployer, dans ce décor, un récit digne d’une tragédie antique. On découvre monsieur Pons (Régis Laroche, impressionnant), militaire à la retraite. L’homme enterre sa mère, alors que dans le quartier des bois du temple, où il vit depuis toujours, une bande de caïds de la cité organise le braquage du convoi d’un prince arabe…
Lutte de casse
Rabah Ameur-Zaïmeche reprend avec brio toute la mythologie des films de casse (préparation, exécution du coup, conséquences), mais pour mieux en détourner les codes et dresser le portrait de “sans-grades”. Ainsi, ces anti-héros sont confrontés à un monde dangereux qu’ils ne soupçonnent pas, où l’argent est roi. Inspiré de deux faits divers (l’attaque, en 2014, par un gang de Seine-Saint-Denis d’un prince saoudien et l’assassinat, en 2018, du journaliste Jamal Khashoggi à Istanbul), Le Gang des bois du temple est avant tout une oeuvre politique puissante, portant un regard original sur la lutte des classes au xxie siècle. Emmené par des comédiens quasiment inconnus (le spectateur s’identifie d’autant plus), le film de Rabah Ameur-Zaïmeche hante longtemps après la projection.
De Rabah Ameur-Zaïmeche, avec Régis Laroche, Marie Loustalot, Philippe Petit… Sortie le 06.09