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Regarde le monde flancher

La Terre se réchauffe, les ressources s’amenuisent, les pandémies ne relèvent plus de la science-fiction. Face à la réalité du dérèglement de notre planète, les artistes s’interrogent. Jan Martens ne fait pas exception. Futur proche, sa dernière création avec les danseurs de l’Opera Ballet Vlaanderen, aborde ce défi d’envergure, sur les notes étonnamment modernes d’un clavecin.

Dans un spectacle de danse, la musique est parfois relayée au second plan. Pas dans Futur proche, qui a enflammé l’été dernier la Cour d’honneur du Palais des papes, à Avignon. Jan Martens a placé l’instrument phare du répertoire baroque au centre du plateau, et confié à la claveciniste polonaise Goska Isphording la mission de donner un cadre, une ligne directrice et un tempo aux 17 interprètes – 15 adultes, deux ados. Ces derniers, en tenues bigarrées, vont d’ailleurs évoluer au fil de la pièce. Ils passent progressivement d’une gestuelle joyeuse faite de sauts, de pirouettes, de jetés et d’amples diagonales, à un vocabulaire plus ramassé et une quasi-immobilité. Comme pétrifiés par cet avenir sombre, qui est déjà un peu notre présent. Le chorégraphe flamand use d’images saisissantes : il projette les visages de ses danseurs, immenses, en fond de scène, ou les livre à un rituel baptismal. Pour laver nos péchés, rappeler que l’eau est un bien rare ? Martens laisse les interprétations ouvertes, mais revendique un final ambigu, « ni trop optimiste, ni trop pessimiste. Une possibilité de recommencement ».

Marine Durand // Photo : © Pippa Semaya
Informations
Bruges, Concertgebouw

Site internet : http://www.concertgebouw.be

10.05.202320h, 44>7€
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