The Servant
Affaires de nurse
Chez M. Night Shyamalan, on le sait, les apparences sont toujours trompeuses. Depuis Sixième sens jusqu’à Split, en passant par The Visit, le cinéaste américain a élevé le “twist” au rang d’art. The Servant, série fantastique dont il est le producteur, n’échappe pas à cette règle du maître du suspense. Les deux premières saisons sont déjà disponibles. Verdict ?
Jeunes, beaux et riches, Sean et Dorothy Turner avaient tout pour être heureux. Lui est un cuisinier réputé, inventant des recettes chez lui, dans leur grande maison bourgeoise de Philadelphie. Elle est la journaliste vedette d’une chaîne de télévision locale aux sujets un brin putassiers. Hélas, le couple est endeuillé par la mort accidentelle de son nouveau-né. Enfermée dans le déni, la mère s’est vu confier une poupée Reborn, le temps d’accepter la perte de son enfant. Entre autres incongruités, elle a embauché une nourrice (Leanne) pour s’occuper de ce poupon en plastique… qui prend étrangement vie à son contact. Par quel miracle ? D’où vient cette mystérieuse nounou à l’allure très sage et semblant dotée de pouvoirs extraordinaires ? Est-ce un ange ? Un démon ? Voici les questions rythmant cette série qui annonce au moins quatre saisons.
Chassez le surnaturel…
Le récit se déroule essentiellement dans l’immense demeure des Turner, au fil d’un huis clos en clair-obscur lorgnant sur le Rosemary’s Baby de Polanski. Producteur et réalisateur de trois épisodes, M.Night Shyamalan déroule tranquillement sa rhétorique fétiche. Ici chaque phénomène peut trouver une explication rationnelle ou surnaturelle, dans un savant équilibre entre réalité et imaginaire – l’ADN du fantastique, en somme. Le bébé a-t-il vraiment été ressuscité ? Est-ce une illusion ? Un autre nourrisson ? La nounou demeure-t-elle une entité maléfique ou simplement une jeune femme un peu dérangée ? Au fond, tout est affaire de croyance, thématique ô combien contemporaine – des réalités alternatives de Trump au complotisme. Le public est tenu en haleine au gré de rebondissements toujours plus spectaculaires. Quitte à lasser ? C’est là tout le problème. Si la première saison est plutôt réussie, la deuxième exploite à l’excès le principe du “twist”, au risque de nous perdre et noyer l’ensemble dans le burlesque. A suivre donc, ou pas…
De Tony Basgallop et M. Night Shyamalan, avec Lauren Ambrose, Toby Kebbell, Nell Tiger Free… Saisons 1 et 2 disponibles sur Apple TV +