La Cravate
Un bon petit diable
À 20 ans, Bastien écume les marchés, tracts à la main. Son but ? Encourager l’élection de Marine Le Pen. À travers un portrait nuancé, Mathias Théry et Étienne Chaillou s’interrogent autant sur le parcours politique d’un garçon ordinaire que sur la stratégie de “dédiabolisation” de l’extrême droite.
Installé dans un fauteuil, Bastien tourne les pages d’un livre. Celui-ci raconte son histoire, telle que les réalisateurs l’ont saisie au fil de leur enquête. D’une voix mesurée, quelqu’un en fait la lecture en off tandis qu’apparaissent les scènes de la vie quotidienne d’un militant. Journée à la permanence, collage d’affiches… mais aussi le travail, dans un laser game non loin d’Amiens. En somme, la politique au ras du bitume, moins portée par un discours ordonné que produite par une série d’expériences et d’affects troubles. Dans un dialogue permanent avec son personnage, le film tente d’y poser les mots justes. La Cravate se déplie prudemment. Tout doit être confirmé, corrigé à l’occasion. Pour ne pas être pris en défaut mais aussi par respect pour ce jeune homme qui se met à nu. La force du film est alors de varier les échelles, du local au national, de l’intime à la campagne présidentielle de 2017, qui sera à la fois un succès et un échec. Dans le sillage de Bastien, la violence et la xénophobie resurgissent comme le ciment du parti tandis que se détricotent des stratégies de communication souvent grossières (la visite aux ouvriers de Whirlpool). La Cravate réussit un exercice salutaire.
Documentaire de Mathias Théry et Etienne Chaillou. Sortie le 05.02