Ezra Furman
Queer véritable
Tandis que notre monde court joyeusement à sa perte, des zigotos ayant dépassé la trentaine empoignent une guitare et se déguisent en femme. Capable de grands écarts stylistiques (mélodies outrageusement pop et mise en place totalement abrasive) Ezra Furman s’en prend à l’impérialisme US, au machisme, au système de santé américain, au conflit israélo-palestinien… Et mêle le tout avec ses propres turpitudes quant à son identité sexuelle. Bref, le Chicagoan est un grand ado qui n’a pas vieilli et pense régler tous les problèmes en chansons. « Je permets à la culture de masse d’ouvrir les yeux sur la libération queer et les transgenres », déclare-t-il. Une telle foi fait plaisir. Et sourire. Avec un tel boucan, Furman a peu de chances de convaincre les foules, se limitant à une audience restreinte (mais grandissante, c’est vrai). N’empêche, l’Américain peut jouer pour la jeune génération le rôle qu’auront tenu Bowie, Morrissey ou Cobain pour d’autres : celui de passeur. Ce n’est pas rien.