Née un 17 octobre
Retour du refoulé
Issue d’une famille d’immigrés algériens, Marie-Myriam, 18 ans, revient d’une manifestation commémorative du 17 octobre 1961. Plein de colère et d’espoir, son récit déclenche les confessions longtemps retenues de son père et de son grand-père… Un spectacle citoyen, reliant trois générations meurtries.
17 octobre 1961. Oubliée (effacée ?) de notre mémoire collective, cette sinistre date renvoie au massacre perpétré par la police française, à Paris, contre 30000 manifestants nord-africains qui protestèrent pacifiquement contre le couvre-feu imposé par le gouvernement De Gaulle, en réponse aux attentats du FLN. On parlera de plus de 200 morts… Ecrit par l’islamologue Rachid Benzine et mis en scène par Mounya Boudiaf, ce huis clos porte un regard sur la plaie ouverte de la guerre d’Algérie, mais aussi l’identité et l’injustice sociale vécue par la population maghrébine, en France. « C’est à nous de transmettre cette mémoire, affirme Mounya Boudiaf. On ne peut attendre qu’on agisse ou nous définisse à notre place ». L’action se situe dans un vieil appartement. La scène est séparée en trois parties par des cloisons transparentes – comme pour faciliter cette transmission. Il y a la chambre du grand-père, le salon où dort le père et la chambre de la fille. Avec délicatesse, les masques tombent à mesure que les langues se délient. « Etrangement, raconter cet événement les apaise tous les trois ». Et permet à chacun de se (re)construire. La compagnie Kalaam propose ainsi un théâtre politique et pédagogique « pour sensibiliser l’ensemble de la société ».