Le Métier d’Homme
Du coeur à l'ouvrage
Après Regarde les lumières mon amour, tiré du journal de bord d’Annie Ernaux au supermarché, Les fous à réAction [associés] poursuivent leur exploration de textes intimistes. Ici, un récit initiatique d’Alexandre Jollien sur le dépassement de soi, auquel ils donnent corps, images et émotion.
Olivier Menu, qui joue et signe la dramaturgie de la pièce, ne connaissait pas Alexandre Jollien avant de tomber, par hasard, sur Le Métier d’homme (Seuil, 2002). Si le médiatique philosophe avait échappé aux radars des Fous à réAction, ce Suisse initie depuis sept livres un large public aux rudiments du bonheur. Dans l’ouvrage, Jollien, né infirme, raconte comment il a franchi les obstacles et transformé ses faiblesses en une force. Au plateau, deux acteurs interprètent le “je” du récit. « Il parle de lui-même, se regarde. Cela induit une notion de double qu’on a voulu exploiter », éclaire le comédien. La souffrance, l’unicité de l’Homme, le rapport à l’autre… La compagnie armentiéroise reste fidèle à la construction imaginée par l’auteur et à ses mots. Quelques coupes laissent de la place aux témoignages de personnes handicapées, recueillis en amont du spectacle et projetés en fond de scène. « Ce n’est pas une pièce sur le handicap, mais questionnant notre condition humaine et notre capacité à être heureux ». Reste la mise en scène, fondée sur la proximité avec le public : un losange de terre au sol autour duquel se presseront les spectateurs, un ring effaçable pour se lancer avec légèreté dans le « combat joyeux » dSe la vie.