Stacey Kent
Du bleu à l'âme
Stacey Kent, c’est d’abord une voix. Oh, pas forcément puissante comme celle de Dee Dee Bridgewater ni “élastique” à la façon d’une Cécile McLorin Salvant, pour citer deux autres divas jazz. Plutôt un timbre doux, cristallin. Du genre à s’apprécier sous des lumières tamisées, en toute intimité.
Apparue à la fin du siècle dernier, Stacey Kent s’est fait un nom dans le jazz vocal avec un chant singulier, donc, mais entonné en plusieurs langues. Celle de Shakespeare bien sûr, ou encore de Camões que l’Américaine a découverte à 14 ans en écoutant Getz / Gilberto, album marquant la rencontre entre la note bleue et la bossa nova. Depuis lors, son répertoire (15 disques, deux millions d’exemplaires vendus) reste imprégné par ce sentiment doux-amer qu’on appelle saudade, « parfaite balance entre la joie et la mélancolie » dit-elle. Cette polyglotte colle aussi des frissons à l’Hexagone avec ses reprises (dans un français parfait) de Gainsbourg (Les Amours perdues) ou Ferré (Avec le temps). En 2009, elle fut même décorée de l’Ordre des Arts et des Lettres (on vous l’accorde, ça ne veut rien dire : Christophe Maé ou Zazie le sont aussi…).
Des muses
L’autre grande force de Stacey, c’est sa capacité à (bien) s’entourer : Roberto Menescal, cofondateur de la bossa, a composé pour elle et Kazuo Ishiguro, prix Nobel de littérature, lui a écrit quelques chansons (sans compter celles de son saxophoniste de mari : Jim Tomlinson). Sur scène, cette grande fan de Joni Mitchell déploie un phrasé délicat au sein d’une formation intimiste : contrebasse, piano, batterie, saxo et flûte. Bref, elle est à la fois classe et gracieuse. “Classieuse”, pour reprendre un néologisme de l’homme à la tête de chou, et semblant inventé pour elle.
Site internet : http://www.maisondelaculture-amiens.com
Pour les Expositions : Ouverture du mardi au samedi de 13h à 19h, en continu les soirs de spectacles. Le dimanche de 14h à 19h.