The Square
Pas très carré
Dans The Square, le Suédois Ruben Östlund (à qui l’on doit Snow Therapy, entre autres) entend dénoncer la superficialité de l’art et l’hédonisme de notre société capitaliste. Malgré quelques fulgurances, la Palme d’or du 70e Festival de Cannes s’embourbe hélas dans les clichés…
Christian (caricatural Claes Bang) est conservateur dans un musée d’art contemporain qui prépare une exposition sur la tolérance et la solidarité. Au centre de la performance on trouve un carré (“The Square”), à l’intérieur duquel les visiteurs sont censés révéler leur altruisme. Des valeurs que Christian peine pourtant à partager au quotidien… Si The Square ne manque pas d’ambition, ni de nobles intentions, il tape dans le vide. Critique du capitalisme se réclamant des satires d’un Michael Haneke ou d’un Paolo Sorrentino, elle ne les égale en rien. La faute à une abondance de stéréotypes (un héros pervers narcissique, des petits tas de gravats en guise de chefs-d’oeuvre…) rendant le film aussi superficiel et creux que la prétention artistique (et bourgeoise) qu’il dénonce. Un comble ! Pourtant, tout n’est pas à jeter. On retiendra une mise en scène soignée, des références opportunes (les escaliers saisis façon Hitchcock). Ou encore cet happening surréaliste : l’attraction de la soirée (terrifiant Terry Notary) joue les King Kong face à des spectateurs médusés. Une des rares scènes pertinentes, symbolisant le refoulement de notre animalité. Pas sûr qu’elle suffise à sauver ces deux longues heures et vingt minutes…
De Ruben Östlund, avec Claes Bang, Elisabeth Moss, Dominic West… Sortie le 18.10