Depeche Mode
Nouvelle vague à l’âme
Malgré un dernier album franchement dispensable, Depeche Mode n’est pas un groupe à prendre à la légère. Autrefois raillé par les bas du front (“des pèdes moches” ouaf ouaf), le trio s’est imposé comme un mètre-étalon techno pop, alliant recherches soniques et succès populaire. Ce n’est pas rien.
De Speak And Spell (1981) à Exciter (2001), la bande de Basildon a vécu plusieurs mues et conservé, intact, le sens de la mélodie parfaite et de l’arrangement moderne – voire avant-gardiste. À leurs débuts, les Britanniques ont composé la BO idéale des écrits du regretté Guillaume Dustan : backrooms SM et mélancolie. Si Joy Division ouvrait les eighties avec le sombre Unknown Pleasures, Depeche Mode les enterrait avec le tout aussi noir Violator (1989). La suite vit la formation se tourner vers un son plus rude, plus rock, bataillant avec les drogues avant de renaître avec Exciter – son dernier grand disque.
Pourquoi ?
Au fait, pourquoi applaudir Depeche Mode en 2017 ? Parce que ces chansons restent intouchables. Parce que Johnny Cash a repris Personal Jesus (pas dit que l’ancien connaissait le groupe, mais il a tiré de ce blues électronique un… blues, tout simplement). Parce que Depeche Mode a perdu son premier compositeur (Vince Clarke) dès 1981 mais s’en est trouvé un excellent second en la personne de Martin L. Gore. Parce que Dave Gahan, aussi poseur soit-il, conserve un charisme certain. Parce que What’s Your Name?, The Meaning of Love, Everything Counts, Master And Servant, Enjoy The Silence… Parce qu’on n’a jamais compris ce que fabriquait Andy Fletcher. Parce que du sublime au ridicule, il n’y a qu’un pas et que nos Anglais ont fait le chemin inverse.