Thundercat
Chat perché
A priori, tout artiste logé chez Brainfeeder nous intéresse. Il nous intrigue plus encore lorsqu’il signe un troisième LP aussi dantesque que Drunk. Enfin, un gonze qui choisit un pseudonyme aussi parfait que Thundercat (soit les Cosmocats, par chez nous) jouit de notre éternelle sympathie, entre deux coups de griffe.
Qui est Thundercat ? À question bateau, réponse évidente : un bassiste californien né en 1984 dans le ghetto de South Central (quartier black de Los Angeles). Un instrumentiste virtuose et très, très demandé : on l’a vu traîner sa quatre-cordes partout, de Flying Lotus à Erykah Badu, de Kamasi Washington à Mac Miller en passant par Keziah Jones ou… Suicidal Tendencies. Auteur de deux disques plutôt remarqués, l’Américain livre son grand oeuvre avec Drunk, troisième LP bourré… d’invités et comportant pas loin de 23 pistes. Oui, bon, d’accord. Mais au-delà de ces brillants faits d’armes, on s’interrogeait plutôt sur la démarche du bonhomme.
A rebrousse-poil
Alors, virtuose vantard ou génie allumé ? Oh, les deux sans doute. Il y a du Weather Report chez ce technicien hors pair. Un compliment ? Que nenni ! Une bonne définition de l’horreur, plutôt. Heureusement, on devine également un poil de Zappa dans l’approche faussement foutraque et les divagations jouant avec le mainstream et la recherche formelle, le R’n’B et l’avant-garde. Ne nous emballons pas : là où Zappa prônait la satire sociale, Thundercat se contente de jouer les branleurs, en bon entertainer. Les guest-stars s’entassent (citons Kendrick Lamar, Wiz Khalifa, Pharrell…) et l’on ressort de cette oeuvre à la fois étonné et fourbu. Quant à la scène, sachez que le félin y assure bien plus que le minoumum syndical !