Les Bienveillantes
Voyage au centre de l’immonde
Dans Les Bienveillantes, Jonathan Littell décrit la Shoah du point de vue du bourreau, nous plongeant dans les mémoires fictives d’un officier nazi. En portant sur scène ce troublant roman, prix Goncourt en 2006, Guy Cassiers donne un visage à l’humain qui se terre dans le monstre. Et inversement.
« Je ne regrette rien : j’ai fait mon travail, voilà tout ». Seul face au public, Max Aue nous prend à témoin. « Je suis comme vous » assure l’ex-SS, avant de nous emmener dans ses souvenirs nauséabonds. Pour condenser ce roman de 1 000 pages en une pièce de trois heures et demie, Guy Cassiers s’est focalisé sur trois moments clés du parcours du nazi. On le suit d’abord à Kiev, où il décrit les massacres des Juifs, puis dans la bataille (perdue) de Stalingrad et enfin à Berlin. C’est là que Max assiste à l’organisation de la « solution finale » avec Eichmann et Himmler.
Echo
Sur un plateau épuré, traversé par des rails, le metteur en scène flamand dresse le portrait d’un homme aux prises avec ses cauchemars, lesquels sont vidéoprojetés sur un écran descendant du plafond. L’horreur, elle, n’est jamais montrée mais suggérée, notamment par cette montagne de chaussures de morts. Car la violence est ailleurs. Elle réside dans le langage qui déresponsabilise les bourreaux (on ne dit pas « on décide » mais « il a été décidé… ») et déshumanise les victimes, en l’occurrence les Juifs, ces « virus » qui pourraient aussi bien être des migrants… En insistant sur l’identification du spectateur au monstre, Guy Cassiers explique comment un homme ordinaire, cultivé, peut participer aux pires atrocités. Décortiquant les mécanismes du Mal, il nous invite à rester vigilants à l’heure de la résurgence des extrémismes.
Site internet : http://www.maisondelaculture-amiens.com
Pour les Expositions : Ouverture du mardi au samedi de 13h à 19h, en continu les soirs de spectacles. Le dimanche de 14h à 19h.
(en néerlandais, sur-titré français)