The Revenant
La fureur de survivre
Un an seulement après Birdman, Alejandro González Iñárritu est de retour avec… The Revenant. Mais cette fois fini de rire. Son sixième film, inspiré d’une histoire vraie, s’avance comme un western ultraviolent (ce genre à la mode) à l’ambition métaphysique.
Dakota du Sud, début du xixe siècle. Le trappeur Hugh Glass est attaqué en pleine forêt par un grizzly, qu’il tue avec son couteau. Grièvement blessé, il est abandonné sur place par deux comparses, dont l’un a assassiné son fils. Dès lors la vengeance devient sa seule raison de (sur)vivre. Nous voici donc embarqués dans une épopée de plus de 2 h 30. Notre Rambo devra composer avec ses blessures, une Amérique sauvage, des Indiens pas toujours accueillants… Alors oui, c’est assez violent. Mais aussi très beau. Aux longs plans-séquences s’ajoute l’emploi exclusif de la lumière naturelle et de cadrages au grand angle, pour une célébration toute malickienne des éléments qui tantôt écrasent, tantôt protègent l’Homme. Certes, d’aucuns pourraient se raidir devant cette sanctification de la loi du talion. Ou percevoir une critique du pays de l’Oncle Sam, qui s’est bâti sur la conquête sanglante des territoires indiens. Pas faux, mais le propos du film est ailleurs. Le cinéaste mexicain pose une question simple : de quoi sommes-nous capables une fois dépouillés de tout ? En cela il s’est donné les moyens de servir son sujet. Ajoutez la prestation bluffante de Di Caprio (qui aurait réellement gobé du foie de bison cru entre deux brasses dans une rivière gelée) et vous obtenez un spectacle plutôt réussi.
De Alejandro González Iñárritu, avec Leonardo DiCaprio, Tom Hardy, Domhnall Gleeson… Sortie le 24.02