Le Havre
Au Havre ou à Helsinki, Kaurismäki réinvente la ville à sa manière, unique. Petits bistrots chaleureux, bicoques propres et bien rangées, boulangerie qui sent bon le pain chaud. Ce pourrait être de la nostalgie façon Amélie Poulain, mais le Finlandais confronte toujours son utopie à la réalité. Marcel Marx, cireur de chaussures, recueille un jeune sans-papier rescapé d’un conteneur oublié sur les quais. À la solidarité de Marx, pauvre et noble, répond l’enflure médiatique et la traque policière. La part politique du film est certes un peu faible. Pourtant, cette humanité inconditionnelle et irréductible nous touche. Et cette clarté de la ligne dans la composition, ce montage des plans proche de la BD, et cette simplicité sans faille du récit, éblouissent. Kaurismäki est bien le vrai héritier (communiste !) de Hergé.