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Le(s) chant(s) du possible

Co-réalisateur avec Mélanie Laurent de Demain, César du meilleur documentaire en 2016,  Cyril Dion publie son premier roman. Dans Imago, le cofondateur avec Pierre Rabhi du mouvement Colibris s’intéresse au conflit israélo-palestinien à travers quatre personnages, dont les destins s’entrecroisent de la bande de Gaza à Paris. On y suit notamment la course effrénée de Nadr à la poursuite de son frère Khalil, pour l’empêcher de commettre un attentat dans la ville lumière… Rencontre avec un écrivain engagé, toujours persuadé qu’un autre monde est possible.

Vous publiez chez Actes Sud votre premier roman, Imago. Pourquoi avoir choisi cette forme plutôt que le documentaire ? En réalité, c’est le film qui est un accident de parcours. J’écris des romans depuis l’âge de 12 ans, de la poésie depuis mes 17 ans. D’ailleurs, j’ai publié un recueil en 2014, aux Editions de La Table Ronde. En revanche, il m’a fallu du temps pour finaliser ce roman. J’ai dû composer le scénario du film, puis publier l’essai Demain et après… pour assumer le rôle d’écrivain. Les critiques ont été positives. Cela m’a en quelque sorte débloqué.

Comment résumeriez-vous ImagoLe thème de ce roman est la libération. Les quatre personnages principaux sont tous enfermés, soit dans un territoire, une croyance religieuse, une vision politique du monde ou une souffrance individuelle. Ils vont évoluer, remettant tous en question la trajectoire de leur vie.

Imago ed. Actes SudEst-ce ainsi que vous expliquez le titre mystérieux du roman ? Imago renvoie effectivement aux personnages. Ce terme désigne le stade final de l’évolution d’un individu dont le développement comprend plusieurs phases, comme chez les insectes (œuf, larve, etc.). Pour l’être humain, c’est plus compliqué : quand atteint-on ce stade ? Chaque protagoniste de mon histoire le cherche…

Quelle place donnez-vous à ce livre dans votre parcours ? C’est un passage vers la fiction. D’ailleurs, elle permet de dire des choses plus puissantes.

Qu’entendez-vous par là ? Dans Demain, Nancy Huston explique que les êtres humains sont avant tout faits pour raconter des histoires. On appréhende notre existence grâce à ces récits sur soi, de soi, sur les autres. Les narrateurs ont donc une grande importance, une fonction presque chamanique dans la société, ils peuplent les esprits. Ce goût pour la culture, pour des mondes imaginaires nous permet d’envisager le monde autrement qu’à travers cette folie consumériste et destructrice. Cela peut prendre la forme sensible et intime de la littérature, ou celle d’une fresque à grand spectacle.

Une nouvelle collection est née en septembre chez Actes sud, à la suite de Demain, baptisée “Je passe à l’acte”. Vous êtes vous-mêmes directeur de la collection le “Domaine du possible”. Pourquoi vous êtes-vous engagé dans cette voie ? Après la sortie de Demain, beaucoup se sont dits prêts à agir. La collection “Je passe à l’acte” est faite pour cela. On explore des sujets comme la permaculture, la méditation, la création de monnaies locales… beaucoup de choses applicables dans la vie quotidienne. La collection “Domaine du possible” donne la parole à ceux qui tentent de changer la société, traduisent leur pensée et leur théorie en actes.

Propos recueillis par François Annycke
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