Les Gros patinent bien
Ça cartonne !
Nul besoin de grands moyens pour monter l’un des spectacles les plus drôles de la saison. Avec deux comédiens survoltés, une flopée de pancartes et de l’inventivité sans limites, Les Gros patinent bien met tout le monde d’accord.
Vous ne savez plus quoi faire de vos emballages de colis, laissés en souffrance dans le couloir en attendant un trajet pour la poubelle jaune ? Olivier Martin-Salvan et Pierre Guillois, eux, en ont fait la matière première de leur dernière création. Sur scène, tout ou presque est en carton : les costumes (de requin, de mouton ou d’une sirène, pêchée par accident), les décors (un écriteau “Fjord ” pour figurer un fjord, il suffisait d’y penser), les accessoires. Quant aux deux dramaturges-interprètes, le petit rond endimanché et le grand maigre à moitié nu, ils déballent, plient et replient leur attirail pour conter un road-movie allant de l’Islande au sud de l’Espagne, dans un anglais délicieusement incompréhensible. Révélés par le “mélo burlesque” Bigre en 2015, nos compères s’inscrivent dans la lignée des Monty Python, décrochant les rires grâce aux gags qui s’enchaînent et autres imitations irrévérencieuses. Le rire, d’ailleurs, « peut être un acte poétique », affirmaient-ils en recevant leur Molière du meilleur spectacle de théâtre public en 2022. Comme un clin d’œil aux enfants qui, à partir de rien, inventent tout un monde, ce « cabaret de carton » pousse très loin le curseur de l’imagination et nous a totalement… emballés.