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TERRE ET LIBERTÉ ! Parmi les mythes qui façonnent, encore aujourd’hui, l’imaginaire mexicain, la Révolution de 1910 s’avère l’un des plus puissants. À cent ans à peine du conflit armé qui opposa à la dictature de Porfirio Díaz libéraux et anarchistes, puis les leaders agraires Zapata et Villa, et qui plongea jusqu’en 1917 le pays dans la guerre civile, la consigne “Terre et liberté !” fait écho à maintes revendications actuelles : le droit à la terre, certes, mais aussi à l’eau, à l’éducation, aux garanties individuelles… Une nature flamboyante ou aride à l’échelle démesurée (le territoire mexicain fait trois fois celui de la France) connote la terre nourricière et à la fois indomptable. Les peintres du début du XXe siècle dénoncent la misère et les révoltes paysannes ; ils prônent surtout la dignification de nouveaux archétypes : la mère, l’agriculteur, la femme du peuple au combat, la maîtresse d’école, le prolétaire… Plus tard, et en réponse aux effets de l’exode rural vers la mégalopolis et de la migration aux États-Unis, d’autres types issus de l’indigence et des inégalités sociales viendront compléter la liste, avec l’enfant des rues notamment. Triomphe et paradoxes de la Révolution… CORPS À CORPS Tout au long du XXe siècle, le portrait porte aux nues certaines valeurs identitaires qui marquent profondément la sensibilité du public mexicain. La sensualité et un brin d’excès catalysent les qualités que l’on exige de la représentation de la beauté, au delà de toute hiérarchie de classe, de coutumes ou d’ethnie. C’est la fusion organique de l’individu avec son sang, son terroir et l’énergie cosmique que soulignent les artistes : la caresse orgasmique des vagues ou, plus prosaïquement, le goût du costume régional et des ornements préhispaniques. Cette mise en scène du modèle schématise bien sûr un rapport idéalisé à autrui. C’est dans ces jeux de miroir que s’inscrivent les avatars de la séduction, quoique pas forcément par rapport au sexe opposé. Avec la libération sexuelle, l’émancipation féminine et les contrecultures de 1968 et du rock, les artistes osent évoquer des préférences demeurées longtemps taboues. Cette approche érotique revêt souvent l’aspect d’un hommage aux régions reculées du pays, en particulier Oaxaca où persistent les traditions ancestrales, comme le matriarcat, le syncrétisme religieux et un sens aigu de la fête. RÊVES INCARNÉS La permanence de rites archaïques et l’influence du surréalisme (Breton, Artaud et Péret ont séjourné au Mexique, terre d’accueil de réfugiés de la Seconde Guerre mondiale) assurent bonne fortune aux métamorphoses de l’inconscient par l’image. Héritage des cultes animistes que la Conquista des rois catholiques espagnols n’est guère parvenue à éliminer, cinq siècles plus tard les hybrides, zoomorphes et anthropomorphes, enrichissent un répertoire visuel chargé d’onirisme et de fantasmagories. On y perçoit une obsession de la mort, qui combine la fascination de l’au-delà et l’expression de pulsions de toutes sortes, notamment l’instinct de violence porté à des degrés variés. C’est le même élan spirituel nuancé de soif de primitif qui pousse nos contemporains à poursuivre, dans les recoins idylliques, la promesse d’un nouvel Éden ou d’un Eldorado que le Mexique parvient encore à tenir.

Informations
Lille, Musée de l'Hospice Comtesse

Site internet : http://mhc.lille.fr

Ouvert le lundi de 14h00 à 18h00
Du mercredi au dimanche de 10h00 à 12h30 et de 14h00 à 18h00.
Fermé le lundi matin, le mardi toute la journée ainsi que certains jours fériés

Tarif :
Droit d’entrée individuel : 3,60 € / 2,60 €
Gratuité : - de 12 ans, et chaque 1er dimanche du mois (collections permanentes)

27.04.2019>01.09.2019
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