Anti-Squat

Inès, mère célibataire sur le point d’être expulsée de chez elle, accepte un essai en tant que “resident manager” chez Anti-Squat. Cette société loge à bas prix des personnes dans des locaux inoccupés pour les protéger des squatteurs. Les consignes sont simples, la jeune femme doit recruter des résidents temporaires, les surveiller et s’installer avec eux dans les bureaux. Il faut observer un règlement très strict : pas de fêtes, pas d’animaux et, surtout, pas d’enfants. De fait, ces locataires sont transformés en “gardiens” à moindres frais. Ce n’est pas tout, car ils doivent aussi entretenir gratuitement les lieux envahis par la végétation. Tout cela sous l’œil des caméras, façon Big Brother…

Chacun pour soi

S’inscrivant dans le contexte de la loi Elan (évolution du logement, de l’aménagement et du numérique) promulguée en 2018, qui défend le fameux principe de la “protection par l’occupation”, Anti-Squat dénonce les dérives d’une pratique assez méconnue, en évitant tout manichéisme. Tiraillée entre sa situation personnelle et les manigances de ses managers, Inès (brillamment interprétée par Louise Bourgoin) se débat avec sa conscience. Cette asphyxie est traduite par l’utilisation bien choisie de plans fixes. Emprisonnée dans cette société qui la pousse à s’asseoir sur ses principes moraux, notre héroïne devra trancher entre son intérêt personnel et le bien collectif. Nicolas Silhol propose ici une critique plus nuancée d’un libéralisme débridé. Anti-Squat montre l’horreur d’une nouvelle forme d’esclavage moderne, tout en pointant l’importance du libre arbitre.