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Expression libre

Mon Half & Half, Holebi tea dance, 2017, Flyer, Collection Fonds Suzan Daniel (Amsab-ISG)

C’est une histoire de reconnaissance, d’affirmation et de revendication. De créativité, aussi. Fruit d’un remarquable travail de recherche mené en collaboration avec l’Université libre de Bruxelles (ULB) et La Cambre, cette exposition retrace l’activisme des communautés LGBTQI+, à Bruxelles, des années 1950 à nos jours, à travers le prisme de l’illustration et du graphisme. Une immersion inédite au sein d’une culture aussi riche que diversifiée.

Après Punk Graphics, en 2019, le Design Museum Brussels ausculte le langage visuel queer. Le moment n’a pas été choisi par hasard. 2023 marque en effet les 70 ans de la création du Centre culturel belge par l’activiste lesbienne Suzan Daniel, soit le premier groupe homosexuel connu au plat pays. La date coïncide également avec les 20 ans de l’ouverture du mariage civil aux couples de même sexe en Belgique (une décennie avant la France, soit dit en passant). Brussels Queer Graphics réunit des oeuvres issues de milieux associatifs, festifs ou culturels (bars, discothèques, cinémas…), signées par des professionnels ou des amateurs. Ces affiches, flyers, fanzines, badges ou t-shirts dessinent ainsi l’histoire bruxelloise des communautés LGBTQI+, qui fut mouvementée. « On passe d’un militantisme discret et de la répression, dans les années 1950, aux longues années 1980 et l’apparition du VIH, jusqu’à l’acquisition progressive de droits à la fin du XXe siècle », résume Arnaud Bozzini, le directeur du musée.

Anne Tonglet, Autonomies lesbiennes - Nos Désirs font désordres !, 2016, Sign, AVB | ASB Fonds Fauconnier

Anne Tonglet, Autonomies lesbiennes – Nos Désirs font désordres !, 2016, Sign, AVB | ASB Fonds Fauconnier

Gays lurons

Pour autant, il ne s’agit pas ici de livrer un récit chronologique ni exhaustif de ces événements. « C’est une exposition historique et sociologique, certes, mais traitée par le prisme du graphisme. On raconte avant tout l’évolution d’une culture ». Ses fondements s’incarnent dans le “do it yourself”. Photocopieuses, machines à écrire, dessins… les moyens sont d’abord rudimentaires et la discrétion de rigueur. « Au départ la diffusion des informations se limite à la communauté », explique Terry Scott, co-commissaire de cette exposition. Il s’agit d’annoncer un concert, une soirée dansante… À partir des années 1980, la technologie offre plus de possibilités formelles, notamment photographiques. Dans tous les cas, ces créations ne manquent pas d’humour, entre subversion, réappropriation des codes de la pop culture ou détournement des figures belges, comme cette reine Fabiola repeinte en égérie queer, façon Warhol.

Over the Rainbow

Peu à peu, la communauté LGBTQI+ gagne en visibilité dans l’espace et le débat publics. Les corps se dévoilent, le nombre de symboles se multiplie avec la diversification des identités de genre. Lors de cette visite, on découvre par exemple que, jusque dans les années 1990, l’emblème le plus utilisé restait le triangle rose… inventé par les nazis pour désigner les homosexuels dans les camps de concentration. Il sera remplacé par le drapeau arc-en-ciel, apparu dès 1978 aux États-Unis mais adopté lors de la deuxième pride bruxelloise, en 1997. Une bannière débarrassée de ce passé mortifère, représentative de la diversité de cette communauté et… plus gaie, tout simplement !

Julien Damien / Photo : Mon Half & Half, Holebi tea dance, 2017, Flyer, Collection Fonds Suzan Daniel (Amsab-ISG)
Informations
Bruxelles, Design Museum Brussels
17.05.2023>05.11.2023tous les jours : 11h - 19h, 10 > 4€ (gratuit -12 ans),
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