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Reste

L’Iconoclaste

Après La vraie vie, premier livre-uppercut sur un foyer terrorisé par un père violent, puis Kerozene, collection de nouvelles réunies sur une aire d’autoroute des Ardennes, on n’attendait pas Adeline Dieudonné avec un roman d’amour. L’autrice belge réussit magistralement ce changement de cap, avec toute la force d’une langue qui déjoue sans cesse les poncifs. Sa narratrice vit une passion clandestine avec un homme marié. Les amoureux se réfugient souvent dans un chalet de montagne, au bord d’un lac.” M.”, dont on ne connaîtra jamais le prénom, aime s’y baigner. Et, sans raison apparente, y meurt. Pour son amante, c’est le début d’une errance de six jours, un rêve macabre où le déni le dispute au chagrin. En optant pour la lettre écrite à l’épouse (“l’officielle”), la romancière revisite la vie de cette mère célibataire jusque-là bien sage. Elle décortique ses relations passées, les petites humiliations du couple, les compromis que l’on fait avec soi-même pour éviter d’être seul. « Je ne crains pas les hommes, je crains mon propre penchant à la subordination », écrit-elle, lorsque Reste s’autorise une incursion dans le fantastique. Bien plus qu’une romance, le portrait d’une femme libre, jusqu’à la folie.

Marine Durand

282 p., 20€

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