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Derrière les clichés

Bertrand Gadenne, Les Papillons

Après une longue période de fermeture, et avant une autre phase de travaux définitifs en fin d’année, l’Institut pour la photographie propose une nouvelle série de huit expositions gratuites. Entre portraits, collages, projections ou installations interactives, ces œuvres auscultent l’image (et sa magie) sous de nombreux angles, stimulant l’imagination, la réflexion comme les sens.

Il y a quelque chose de magique dans l’œuvre d’Hideyuki Ishibashi. Ce Japonais passé par le Fresnoy ne s’intéresse pas tant à la photographie qu’à la révélation de l’image. Tirés à l’encre photochromique, ses clichés de végétaux apparaissent et disparaissent sous l’effet d’une lampe à UV, comme avec un pinceau de lumière… À bien y regarder, il sera beaucoup question du visible et de l’invisible dans la nouvelle programmation de l’Institut pour la photographie. Tenez, Hugo Clarence Janody. Son travail nous montre ceux dont on parle beaucoup, mais qu’on ne voit jamais : les réfugiés. Le Lillois a passé une semaine au Centre d’accueil et d’examen des situations de Nédonchel avec des personnes exilées en provenance de Calais. Loin de tout voyeurisme, ces autoportraits réalisés au Polaroid ou ces mises en scène sensibles capturent des fragments d’existences précaires, mais laissent une trace indélébile.

Des vies à la chaîne

Dans un tout autre genre, mais avec un même regard humaniste, Jean-Louis Schoellkopf focalise sur “les travailleurs”. Plus précisément ceux des usines, à Mulhouse, dans différents sites de production (chimiques, textiles…). « Mon obsession, ce n’est pas l’activité industrielle, plutôt les conditions de vie des ouvriers », dit-il. Centrés sur l’individu, ses tirages numériques sont présentés sur un papier très fin. Ils restituent avec une fragilité tangible l’ambiance des ateliers, les attitudes, « le travail qui se reflète sur les visages ».

Papillons de lumière

Oui, la photographie est affaire de point de vue, d’angle et, parfois… de toucher. En témoignent les installations interactives de Bertrand Gadenne, qui propose à Lille une « expérience tactile » de l’image. Le plasticien invite le public à intercepter des faisceaux lumineux avec les mains, pour donner vie à des papillons. Entre autres magiciens, citons enfin Harry Gruyaert, connu pour ses compositions très graphiques, voire cinématographiques. « C’est vrai, je suis un cinéaste frustré, sourit-il. Mes photos s’appréhendent un peu comme des plans de films jamais tournés ». Entre paysages ruraux, industriels ou bords de mer, l’Anversois dévoile une projection de 160 clichés pris dans les Hauts-de-France depuis les années 1980 et mis en musique par l’accordéoniste Tuur Florizoone. Un voyage immobile et empli de poésie, qui nous ferait presque perdre le nord.

Julien Damien / Photo : Bertrand Gadenne, Les Papillons
Informations
Lille, Institut pour la Photographie
07.04.2023>18.06.2023jeu & ven : 13h-19h sam & dim : 11h-19h, Gratuit !

Lille, jusqu’au 18.06, Institut pour la photographie, jeu & ven : 13h-19h sam & dim : 11h-19h gratuit, institut-photo.com (+ Horizons : Loos, jusqu’au 30.06, La Fileuse)

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