Home Best of Chroniques Fever Ray

Radical Romantics

(Rabid Records / [PIAS])

Le secret le mieux gardé de la pop suédoise ? En tout cas, un nom pas cité aussi souvent qu’il le devrait. Il s’agit du projet à peu près solo de Karin Dreijer Andersson – moitié de The Knife avec son frère Olof. À l’origine, Fever Ray ne devait sortir qu’un seul album. Paru en 2009, il ne ressemblait pas à grand-chose d’autre – sauf à The Knife, puisqu’on y retrouvait le sens de la mélodie oblique et cette voix étrange et étranglée. Ça tombe bien, ce troisième essai s’ouvre avec quatre morceaux co-écrits et co-produits avec Olof. De celui-ci s’échappe New Utensils, tube potentiel d’un monde parfait. Ailleurs, Karin s’est adjoint les services de Trent Reznor et Atticus Ross pour un titre qui balance Siouxsie Sioux dans une dystopie numérique. Tantôt prêtresse hiératique, tantôt farfadet électrique, Dreijer joue de sa voix jusqu’au malaise (Looking for a Ghost, avec Vessel). Ensuite, surgissent des évidences, telle Carbon Dioxide. Tout au long de ces dix titres fascinants, la Scandinave explore les liens entre Eros et Thanatos. Elle questionne les rapports de domination ou la fascination de l’humain pour les machines – surtout lorsque la musique qui en sort est de cette trempe. Admirable.

Thibaut Allemand
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