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Le monde en face

Rictus © Mika Cotellon

Des avant-premières, des créateurs de premier plan ou émergents, des compétitions françaises et internationales mais aussi des master-classes (dont celle de Lisa Joy, la showrunneuse de Westworld), des concerts, conférences, DJ sets, séances spéciales… Séries Mania n’en finit plus d’étoffer son scénario ! La sixième saison du festival lillois annonce 54 séries issues de 24 nationalités, et renoue avec un plaisir indicible : celui de découvrir sur grand écran et en exclusivité les intrigues qui alimenteront nos prochaines soirées binge-watching. Petit trailer…

C’est un fait, les séries ont toujours regardé le monde de près, comme autant de miroirs de poche de la société. Séries Mania ne dément pas cette inclination, et on ne s’étonnera pas que la crise écologique tienne l’un des grands rôles de cette nouvelle édition. Le sujet est traité sous de multiples angles : catastrophiste par exemple, à travers The Swarm, mettant l’humanité (et Cécile de France) aux prises avec une entité sous-marine venue se venger du traitement infligé aux océans. Dans un autre genre (mais peut-être plus glaçant) The Fortress imagine, dans un futur proche, une Norvège barricadée derrière de hauts murs afin de préserver son autonomie énergétique et ses ressources alimentaires, faisant des étrangers (comme nous) des réfugiés climatiques…

En prise directe

Les autres grandes stars de ce cru 2023, ce sont les femmes. « Elles tiennent une place centrale et sont même l’élément moteur des narrations, revendiquant de prendre leur destin en main et le contrôle de leur corps », relève Laurence Herszberg, la directrice générale du festival. En cela, citons The Power, qui s’annonce… électrisante. Pour cause, cette production américaine inverse le rapports de force physique entre les sexes, suite à une petite facétie de Dame nature : du jour au lendemain, toutes les adolescentes du monde développent la faculté d’électrocuter les gens, grâce à de petits arcs jaillissant de leurs mains !

On rembobine

Enfin, et c’est la plus grande tendance de cette sélection : les séries passent en mode vintage. « Plus de la moitié des créations que nous avons vues se déroulent dans les années 1980 et 90, observe Frédéric Lavigne, le directeur artistique. Sans doute parce que cette période renvoie à la jeunesse des auteurs ». Comme un « effet doudou » autorisant toutes les exubérances esthétiques – oui, il y aura du costume bariolé. Surtout, « ce décalage temporel permet de prendre du recul face à des sujets brûlants, qui resurgissent hélas dans l’actualité, comme une façon de plonger à la racine du mal ». C’est par exemple la remise en cause de l’avortement, à l’instar de Désobéir : le choix de Chantale Daigle. Cette production canadienne relate l’histoire vraie d’une jeune Québécoise qui, en 1989, dut se battre devant les tribunaux pour faire valoir son interruption de grossesse… alors empêchée par son ex-conjoint. Sinon, on aurait aussi pu vous parler de Salade grecque, la suite sérielle de la trilogie de Cédric Klapisch (L’Auberge espagnole, les Poupées russes…) ou encore de la première série africaine présentée lors du festival lillois (Black Santiago Club). Mais le mieux, c’est encore de les découvrir sur grand écran, non ?


Don’t Skip

L’art du générique

Qui n’a jamais frissonné à l’écoute des premières notes de Stranger Things, l’apparition du titre de Lost ou même reproduit le claquement de mains de Friends ? Plus qu’une vitrine, le générique est aussi un art. « Certains sont même de petits chefs-d’oeuvre », insiste Frédéric Lavigne, le directeur artistique de Séries Mania, qui nous incite donc à ne pas cliquer sur l’option “skip” (soit “passer”) proposée par les plateformes avant chaque épisode. Au Tripostal, cette exposition rembobine 70 ans d’histoire des séries par le prisme de ces petits formats, des années 1950 à nos jours. Au fil de ce parcours découpé en sept espaces, pour autant de décennies, on découvre bien sûr un montage (« très subjectif ») des meilleurs d’entre eux, des soirées spéciales (un karaoké !) mais aussi de nombreux secrets de fabrication, notamment les sources d’inspiration de quelques préludes d’anthologie. « Pour Mad Men par exemple, on dévoile un ensemble d’images ayant mené à la version finale du générique: la chute d’un homme depuis le World Trade Center le 11 septembre 2001, les habillages de Saul Bass pour Hitchcock… ». Si vous avez manqué le début, c’est le moment de se rattraper.

>> Lille, 17 > 24.03, Tripostal

Julien Damien / Photo : Rictus © Mika Cotellon

Lille & Hauts-de-France, 17 > 24.03, Tripostal, Nouveau siècle, Théâtre du Nord, UGC, Majestic & divers lieux, séances gratuites pass : 30€ (accès coupe-file prioritaire, etc.), seriesmania.com

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