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En fusion

© Jehane Mahmoud

Révélé en 2019 avec son electro-pop jubilatoire, parfois mélancolique et gorgée de musique traditionnelle grecque, Johan Papaconstantino est de retour aux affaires. Après l’EP Contre-jour, le Marseillais dévoile Premier degré, un album toujours aussi propice aux mélanges, entre laïka, funk, dub, house et trap. Bourreau de travail et adepte de la scène, celui qui est aussi artiste-peintre quitte momentanément Marseille pour une tournée passant par les Hauts-de-France et la Belgique. Rencontre.

Comment définiriez-vous votre style ? C’est un mélange de différentes influences et cultures dans lesquelles j’ai baigné. Je marie les musiques méditerranéennes, du Moyen Orient, de l’Europe de l’Est au funk, au R’n’B, à la soul ou la house. J’essaie d’harmoniser tout ça avec des textes en français et une approche poétique.

On reconnaît aussi de la musique grecque, plus rare par chez nous… Carrément ! En France il y a une espèce de gros panier appelé “world” dans lequel on case toutes les musiques orientales, car on les connaît mal. Par exemple, à mes débuts, certains disaient que je jouais du raï !

Il y a aussi du rebétiko dans vos compositions, n’est-ce pas ? C’est un style issu de la rue et datant des années 1920. Ce son m’influence même si je n’en joue pas vraiment, me rapprochant plus de la pop grecque, du laïka.

Pourquoi ce genre vous a-t-il séduit au-delà de vos racines familiales ? La musique s’écoute mais se vit aussi. Je suis touché par son côté fédérateur, ce mélange de joie et de mélancolie qui transpire quand les gens dansent. Quand j’étais collégien, mon lecteur MP3 était rempli de rap, de R’n’B mais aussi de morceaux grecs traditionnels… Mes potes ne captaient pas trop et je gardais ça pour moi. Aujourd’hui, j’ai envie de partager ces sons, d’être un pont entre ces différentes cultures.

Il paraît que vous étiez aussi fan de Django Reinhardt plus jeune… Oui, c’est un monument ! Je téléchargeais des discographies entières sur eMule dont la sienne. J’étais vraiment avide de découvertes comme beaucoup de gens qui ont grandi avec Internet.

Parlons de votre nouvel album. Pourquoi ce titre, Premier degré ? Il répond à la pochette, où l’on voit ma copine enceinte. Ça colle bien avec le premier degré, c’est-à-dire le sérieux, la responsabilité. Ensuite, après m’être fait virer de deux ou trois écoles d’art, j’ai continué à peindre. Souvent, devant mes tableaux on me disait « ah, c’est marrant, c’est kitsch » alors que j’étais au premier degré ! Mon objectif n’était pas de réaliser des trucs rigolos, mais sincères et spontanés.

Quel serait le fil conducteur de cet album ? J’ai mis beaucoup de temps à le composer, c’était un challenge. J’ai passé des journées et des nuits entières en studio, à jeter des sons et à recommencer. Le fil conducteur, ce serait donc la persévérance. Dans chaque morceau, j’essaie d’apporter une dimension insolite. Certains titres se distinguent par leur influence house ou trap comme Rebondit ou Ça m’époustoufle. Dans Rocker il y a des inspirations plus gitanes, flamenco. Il y a aussi du bouzouki et des sons turcs dans Bricolo… Le lien entre ces chansons, c’est l’influence méditerranéenne et la texture électronique.

Vos clips sont également très soignés. Vous impliquez-vous dans leur réalisation ? Oui, je m’investis aussi dans le projet visuel et technique. Parfois je m’occupe même du montage, de l’étalonnage… Je travaille avec des potes, des gens avec lesquels j’ai des affinités. Sur mes derniers clips par exemple, j’ai fait appel à Martin Lazlo ou encore Jehane Mahmoud, ma copine. Tout ça me permet de découvrir un nouveau monde, celui du cinéma, des tournages…

Aimeriez-vous marier peinture et musique ? Pour moi ces deux activités sont déjà liées. Mes clips sont influencés par la peinture, elle infuse dans ma musique et vice versa. Il y a deux ans, j’ai monté une expo pour laquelle j’ai donné un concert le soir du vernissage. C’était un format un peu sur-mesure et, déjà, l’occasion de marier les deux, mais je ne vais pas commencer à peindre sur scène !

Quel est votre rapport à la scène ? C’est un endroit où je puise beaucoup de force. C’est la scène qui m’a donné confiance. Je suis très dur avec mon travail et le retour du public me permet de valider ce que je produis en studio. Certaines chansons ont d’abord été testées en concert.

Il y a une ambiance assez club dans cet album. Comment allez-vous la traduire en concert ? J’ai essayé de composer des titres de début de soirée, à écouter vers 5 heures du matin… enfin ça dépend de quel point de vue on se place (rires). Donc oui, c’est un album avec lequel on peut s’ambiancer, il est plein de “good vibes”. Pour le transposer sur scène, j’ai peaufiné la production, car il faut que ça tape ! J’ai d’ailleurs suivi des formations d’ingé son, je prends ça très à coeur, cet aspect technique me passionne.

Quels sont vos projets ? Je ne suis pas rassasié, artistiquement parlant. Je poursuis une espèce d’idéal musical et je n’ai pas l’impression de l’avoir atteint. J’aimerais être un meilleur instrumentiste. Dans la musique traditionnelle qui m’inspire, la virtuosité est centrale et je ne suis pas un virtuose, mais j’espère le devenir.

Propos recueillis par Simon Prouvost / Photo : © Jehane Mahmoud
Concert(s)
Johan Papaconstantino + St Graal
Amiens, La Lune des Pirates

Site internet : http://www.lalune.net

22.03.2023 à 20h3013/8€
JOHAN PAPACONSTANTINO + MR GISCARD
Tourcoing, Le Grand Mix

Site internet : http://www.legrandmix.com/

29.03.2023 à 20h0019/15€
JOHAN PAPACONSTANTINO + MIEL DE MONTAGNE (Les nuits botanique)
Bruxelles, Botanique

Site internet : http://www.botanique.be

29.04.2023 à 18h3037>25,50€

En festival / 

Aux Nuits secrètes, à Aulnoye-Aymeries, le 21 juillet (tarif : 45€, + Angèle, Gazo, La Femme ou Acid Arab le même vendredi), plus d’infos sur : https://lesnuitssecretes.com/

Au festival de Dour le 15 juillet (tarif : 70€), plus d’infos sur www.dourfestival.eu

Au festival Bivouac, le 26 août, au Parc départemental d’Olhain (tarif : 35€), plus d’infos sur https://bivouacfestival.com/

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À écouter / Premier degré (Anima Records) sortie le 03.03

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