Home Cinéma La Famille Asada

Mémoire photographique

 © Art House Films

Révélé en 2016 avec Her Love Boils Bathwater, Ryōta Nakano s’inspire pour son cinquième long-métrage de l’histoire vraie de Masashi Asada. Ce photographe japonais a immortalisé ses proches dans des rôles ou métiers dont ils avaient toujours rêvé, avant de mettre son art au service des victimes de la tragédie de Fukushima.

Au pays du Soleil levant, Masashi Asada est connu pour avoir capturé ses proches dans des mises en scène cocasses, selon les souhaits (tous plus extravagants) de chacun. Rock star, yakuza, pompier, super-héros… Truculents, ses clichés n’en évoquent pas moins des tranches de vie authentiques. Sans nostalgie aucune, la photo de famille selon Asada saisit à la fois le passé, mais aussi le miracle du présent voire ce qui aurait pu advenir. Avec pudeur et autodérision, l’objectif agit comme un révélateur. Unis par la pellicule, les protagonistes de ce clan s’avèrent attachants, et l’on suit avec appétit les tribulations de cette drôle de maisonnée. Outre les rêves des siens, Asada réalise aussi ceux d’autres familles, devenant le témoin privilégié de moments intimes, entre joie et peine, notamment lors de la catastrophe de Fukushima…

Instants éternels
Le tsunami submerge autant qu’il dévoile une infinie mosaïque de visages à restaurer. Le Japonais mettra en effet un point d’honneur à retrouver pour leurs proches les images des disparus, qui existeront éternellement sur pellicule. Une photo comme le plus beau des cadeaux, au-delà des mots. Déclaration d’amour à des êtres chers autant qu’à une nation, voici un film tout en nuances où la fantaisie côtoie la gravité. La Famille Asada s’appréhende comme un instantané d’humanité vertigineux, rappelant Kore-eda et la malice du maître Ozu. Un “feel good movie” émouvant et vivifiant.

Selina Aït Karroum / photo © Art House Films

De Ryōta Nakano, Kazunari Ninomiya, Haru Kuroki, Satoshi Tsumabuki… En salle

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