Home Exposition Musée des Beaux-Arts de Charleroi

Acte de (re)naissance

Musée des Beaux-Arts de Charleroi © Ville de Charleroi © Photo  Tom Colaux

Initiées en 1889, les collections communales de Charleroi sont riches de quelque 4 000 oeuvres mais n’avaient jusqu’ici pas de musée. Tel un trésor sans coffre, ces peintures et sculptures étaient alors hébergées dans les greniers de l’Hôtel de ville ou les salles du Palais des beaux-arts, sans espace dédié. Depuis le mois de décembre, la cité wallonne possède enfin son musée des beaux-arts. Visite guidée.

« Ça nous manquait cruellement, concède Paul Magnette, le bourgmestre. Il est fondamental qu’une ville de plus de 200 000 habitants comme Charleroi possède son propre musée des beaux-arts. Trop longtemps, notre cité a été méprisée : ce serait “la plus laide du monde”…, déplore l’élu socialiste. La culture est un moyen pour elle de se réapproprier son histoire et son identité, pour mieux se projeter dans l’avenir». Sans occulter le passé. Le choix du lieu s’est en effet porté sur un bâtiment datant de 1887, et accueillant auparavant les anciennes écuries de la gendarmerie. Soit un immeuble de 2 080 mètres carrés encore parsemé de mangeoires et de colonnades de pierre bleue. Celui-ci est situé au pied de la fameuse tour Signal érigée par l’architecte Jean Nouvel, autre emblème du renouveau que vit la commune wallonne.

Pas si classique

Concrètement, le musée compte d’abord, au rez-de-chaussée, un espace de 400 m2 dédié aux expositions temporaires. La toute première est consacrée à une icône de la région, les éditions Dupuis, qui fêtent leurs 100 ans. Outre cet anniversaire, “il s’agissait aussi de marquer les esprits dès le début, en sortant du classicisme”. On ne s’attend pas forcément à voir de la BD dans un tel endroit, explique Eve Delplanque, responsable administrative des musées de la ville. On retrouvera cette petite impertinence dans nos prochains accrochages, consacrés au sport puis aux femmes artistes belges ».

photo © Julien Damien

photo © Julien Damien

La Joconde de Charleroi ?

L’exposition permanente est installée au premier étage. Au sein de pièces lumineuses sont dévoilées 120 oeuvres signées de nombreux artistes carolos. On déambule ici au fil d’un parcours chronologique reflétant des thématiques (un peu comme un voyage dans l’histoire de l’art), du néoclassicisme de François-Joseph Navez à l’art contemporain (Johan Muyle), en passant par les paysages de Charleroi, son sens de la fête (James Ensor), le surréalisme (Magritte, Jean Ransy)… La galerie des portraits, elle, célèbre presqu’exclusivement des modèles féminins. D’ailleurs, dans la salle consacrée au réalisme social, ce ne sont pas tant les mineurs qui sont mis à l’honneur, mais plutôt les hercheuses, les travailleuses de l’ombre, à l’image de la Fleur de terril d’Edmond Doumot. Cette lumineuse huile sur toile magnifie une femme forte et fière de son labeur, tout un symbole en ces lieux.

 


Les éditions Dupuis ont 100 ans

Secrets de fabrication

© Julien Damien

© Julien Damien

2022 marque l’inauguration du Musée des beaux-arts de Charleroi, mais aussi un autre événement : le centenaire des éditions Dupuis ! Monter une exposition anniversaire sur ce fleuron belge qu’est l’école de Marcinelle avait tout du traquenard – façon Zorglub. « Comment résumer un siècle d’édition dans un espace de 400 mètres carrés ? Pas évident… », avoue Morgan Di Salvia, rédacteur en chef du journal Spirou. Impossible d’être exhaustif. Le choix fut donc tout autre : immerger le public dans cette “fabrique de héros” que sont les Schtroumpfs, Gaston Lagaffe, Spirou, le Marsupilami… entre autres ! En clair : expliquer dans le détail comment on réalise une bonne BD, du premier croquis à l’impression. La scénographie reprend ainsi les codes esthétiques de l’usine (« un clin d’oeil au passé industriel de Charleroi ») avec par exemple ses vestiaires renfermant quelques astuces de scénaristes. Entre planches originales (signées Franklin, Jijé, Morris…) ou documents internes (les notes des correcteurs sont savoureuses) on découvre la recette d’une bonne mise en couleur, des produits (très) dérivés ou quelques secrets bien gardés – à l’image de cette poitrine trop opulente de Natacha… En somme, une belle balade dans l’envers du décor.

J.D / Photo : Musée des Beaux-Arts de Charleroi © Ville de Charleroi © Photo Tom Colaux
Informations
Charleroi, Musée des Beaux Arts
17.12.2022>30.07.2023mar > ven : 9h-17h • sam & dim : 10h-18h, 5>2,50€

Musée des beaux-arts de Charleroi Charleroi – 67 boulevard Pierre Mayence

mar > ven : 9h-17h • sam & dim : 10h-18h collection permanente : gratuit expositions temporaires : 5 > 2,50€ (gratuit -12ans), charleroi-museum.be

La Fabrique de héros

Charleroi, jusqu’au 30.07, Musée des beaux Musée des beaux-arts de Charleroi, mar > ven : 9h-17h • sam & dim : 10h-18h, 5>2,50€

 

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