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Effet miroir

Ethereal © Flora Borsi

On n’est jamais mieux servi que par soi-même. Tel pourrait-être le mantra de Flora Borsi, qui est toujours le modèle de ses propres clichés. À rebours du narcissisme propre à l’exercice du seflie, cette photographe et plasticienne hongroise se met en scène dans des autoportraits surréalistes pour mieux disséquer la psyché humaine. Dans ce « one person show », comme elle le qualifie, l’artiste transforme son visage en terrain de jeu au centre duquel brille son regard, ce fameux « miroir de l’âme ». Entretien.

Comment définiriez-vous votre travail ? J’essaie de décrire des émotions et des sentiments à travers des portraits, des personnages différents. J’adore créer des images surréalistes, tordre un peu la réalité, forger un monde onirique où tout est possible. Certaines de mes œuvres ont aussi des significations très symboliques. La psyché humaine est si complexe ! Parfois, je réalise simplement des images à partir d’un sentiment, ou j’esquisse des idées, et il s’écoule des mois, parfois des années, avant que j’en comprenne enfin le sens.

Vous êtes toujours le modèle principal de vos photographies. Pourquoi ce choix ? Quand j’ai eu 15 ans, on m’a diagnostiqué une tumeur au sein. Pendant des jours, j’ai réfléchi à la vie et à ce qui était important. J’ai alors décidé de créer des autoportraits pour exprimer mes pensées, mes sentiments et mes rêves afin de laisser une petite partie de moi, au cas où quelque chose m’arriverait… Mais j’ai eu de la chance, cette tumeur n’était pas cancéreuse, et c’est pourquoi je réponds à cette interview aujourd’hui. Whoo Hoo !

Maquillage, stylisme, photographie… Depuis, vous faites donc tout vous-même ? Oui, c’est un “one person show” !

Blackswan © Flora Borsi

Blackswan © Flora Borsi

On remarque aussi la place accordée au regard dans vos images… Oui, les yeux sont très importants dans mon travail. Pendant des années je ne savais pas trop pourquoi, je voulais juste les mettre en avant, les rendre plus significatifs. Et puis plus tard, j’ai réalisé que c’était vraiment le miroir de l’âme ! Un regard peut dire des milliers de choses, sans que l’on prononce un seul mot.

Vous aimez aussi “jouer” avec la nourriture, n’est-ce pas ? Pourquoi ? Parfois ils ont une signification symbolique, sinon je les utilise simplement pour jouer avec leur forme et leur texture. Pour moi, ce sont des accessoires comme les autres.

Plus concrètement, comment travaillez-vous ? Quel est votre processus créatif ? D’abord, j’ai une idée. Parfois elle “clignote” juste devant mes yeux et je prends des notes sur mon téléphone. D’autre fois je “joue” avec des associations de choses très différentes. Ensuite, je rassemble les accessoires, les perruques, le maquillage dont j’ai besoin pour le shooting. Je réalise les ajustements avec l’éclairage et choisis un fond qui conviendrait. Enfin, j’ajuste les différents éléments puis prends la photographie.

When life gives you lemons © Flora Borsi

When life gives you lemons © Flora Borsi

Plus généralement, où puisez-vous votre inspiration, et quelles sont vos influences ? Ma principale inspiration provient de mon enfance. J’ai vu tellement d’objets, d’images et d’œuvres art que tout cela respire en moi. J’admire aussi certains artistes comme Tim Walker, Annie Leibovitz, Erwin Olaf, Sølve Sundsbø et Dalí, bien sûr !

Parmi notre sélection, quelle serait votre image préférée ? World of Grief, soit “Monde en deuil”. Cette image m’est venue très naturellement, c’est un hommage aux victimes de l’épidémie de Covid-19, avec qui je me sentais connectée.

World of Grief © Flora Borsi

World of Grief © Flora Borsi

Photo : Ethereal © Flora Borsi

À visiter / floraborsi.com // floraborsiofficial

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