Home Exposition Les Fabriques du cœur et leur usage

L'art de l'histoire

Giuseppe Penone, Procedere in verticale © Photo : Julien Damien

Le MACS a 20 ans. Comment célébrer l’événement ? Une rétrospective eût été trop convenue. Denis Gielen, l’actuel directeur, a préféré solliciter Laurent Busine, le fondateur du Musée des arts contemporains sis au Grand-Hornu. En résulte une exposition au titre éminemment poétique, Les Fabriques du coeur et leur usage. Rassemblant les oeuvres d’artistes de divers horizons et époques, ce parcours découpé en chapitres illustre parfaitement l’essence du lieu : raconter de bonnes histoires.

Le premier chef-d’oeuvre qui s’offre aux yeux du visiteur, c’est le musée lui-même. Inauguré en 2002, le MACS est situé dans l’ancien charbonnage du Grand-Hornu. Ce joyau industriel du XIXe siècle à l’architecture néogothique prend la forme d’un espace circulaire tout en briques et arcades. Il fut inscrit il y a pile 10 ans au Patrimoine mondial de l’Unesco. « C’est un musée qui ne ressemble à aucun autre, et même un endroit assez métaphysique, avec son ouverture vers le ciel, appuie son directeur, Denis Gielen. C’est d’ailleurs une source d’inspiration pour les artistes que nous accueillons ». Parmi les noms exposés ici, citons bien sûr le regretté Christian Boltanski, dont Les Registres du Grand-Hornu reste la première pièce produite et acquise pour la collection du MACS. Longue de près de 40 mètres, cette installation constituée de boîtes métalliques empilées rend hommage aux travailleurs qui ont péri dans les mines de charbon locales. Une pièce symbolique de l’institution wallonne, jadis lieu de souffrance et désormais écrin culturel.

David Claerbout, the Close, 2022

David Claerbout, the Close, 2022

Fresque existentielle

L’autre particularité du MACS, c’est la physionomie de son parcours, constitué d’espaces immenses, de petites cachettes et de passages en dénivelé reliés par des escaliers. Surtout, « ce trajet est linéaire, donc narratif, avec un début et une fin », observe Denis Gielen. Une configuration propice à tous les bons conteurs d’histoire. C’est justement le cas de Laurent Busine qui a choisi, pour marquer cet anniversaire, de narrer celle de l’humanité. Son exposition est ainsi organisée en 12 chapitres, illustrant chacun un thème universel, de la genèse au paradis, en passant par la solitude, la maison, la nudité, le trépas…

Roni Horn, Dead Owl, v. 2, 2009 © Photo : Julien Damien

Roni Horn, Dead Owl, v. 2, 2009 © Photo : Julien Damien

Par la grâce de Dieu

Au fil de ces contes tantôt étranges ou émouvants, on trouve des oeuvres de Giuseppe Penone, James Ensor, Louise Bourgeois, Lewis Carroll, Luc Tuymans… et puis quelques curiosités, comme ce tableau d’un peintre amateur. « Je l’ai déniché dans un vieux marché, explique le commissaire. Cette petite toile représente assez maladroitement un bout de ciel et un morceau de montagne, mais demeure troublante car signée “Dieu”, un nom courant dans le Borinage, certes, mais trouver une esquisse de la création du monde avec ce nom, ça l’est moins ! ». Une affaire de coeur, donc. « Ce mot est important pour le musée, c’est la marque de fabrique de nos expos, souligne Denis Gielen. On a toujours été plus sensible à la dimension affective qu’au concept. Il y a des sentiments ici ». Et pas mal de rebondissements.

Julien Damien
Informations
Hornu, MACS
23.10.2022>19.03.2023mar > dim : 10h-18h, 10 > 2€ (gratuit -6 ans)
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