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Dans le sens du poil

© Cécile Fauré

La hausse du prix de l’énergie vous inquiète ? Votre col roulé fétiche a été dévoré par les mites ? Plutôt mourir de froid qu’être réchauffé par la fourrure d’un animal maltraité ? Ne désespérez pas. Grâce à Églantine et Damien Decaudin vous saurez comment passer l’hiver la conscience tranquille. Pour cause, ce couple confectionne des vêtements… en poils de chien et de chat. Rencontre dans leur atelier de Fontaine-au-Bois, près d’Avesnes-sur-Helpe, dans les Hauts-de-France.

Pour Églantine et Damien, tout a commencé avec Babou, leur berger allemand. « C’est notre tout premier chien et nous voulions garder un souvenir de lui quand il ne serait plus là », expliquent ces passionnés de nature et d’artisanat. Le couple a donc eu l’idée de récupérer ses poils pour les “recycler” un jour… en laine. Afin de concrétiser ce projet, il a chiné des appareils traditionnels de filage avant d’entamer une formation. Et voici comment Stylaine Dogs a vu le jour dans le salon familial !

© Cécile Fauré

© Cécile Fauré

Qu’en est-il de la fabrication ? Les poils passent dans une cardeuse à rouleaux dont les piques nettoient les impuretés et défont les noeuds. Un rouet, récupéré chez un vieux berger alsacien, file la laine pour former les pelotes, avant qu’elles ne serpentent entre les aiguilles à tricoter d’Églantine. Celle-ci confectionne des pièces simples, en fonction de la quantité de matière obtenue. « Écharpes, chaussons, couvertures, bonnets… mais pas de pulls car cela nécessite des mesures, or on travaille surtout par correspondance ». Et le succès fut rapidement au-rendez-vous Le carnet de commandes indique cinq mois d’attente pour obtenir un modèle ! Car tout cela prend du temps. « Comptez trois heures pour réaliser une pelote de laine, et 20 pour une paire de chaussons ». Les prix s’étalent de 13 euros, pour un coeur tricoté, à 125 euros pour un châle.

© Cécile Fauré

© Cécile Fauré

La main à la patte

Les poils proviennent majoritairement des chiens ou chats, dont les propriétaires désirent conserver une trace. « C’est vraiment une commande affective, sentimentale. Pour avoir un objet palpable lorsque l’animal ne sera plus là », confirme Églantine. Les maîtres sont mis à contribution en récupérant le duvet pendant le brossage. L’essentiel est de recueillir un sous-poil soyeux, de préférence sur le dos ou le flanc d’une bête suffisamment jeune pour éviter qu’il casse. Selon ces écolos qui ne disent pas leur nom, cette technique singulière pourrait servir la confection de certains habits, de manière raisonnée. Audelà de la main d’oeuvre, cela ne coûte rien, n’induit aucune maltraitance et encourage le recyclage. La démarche est aussi imbattable sur le plan de l’énergie, puisque l’ensemble est réalisé avec de la bonne vieille huile de coude, sans électricité. Certes, il n’y a pas de quoi composer une vaste garderobe. Mais, sans le revendiquer ouvertement, Stylaine Dogs offre un joli pied-de-nez à la surproduction vestimentaire et la fast-fashion. En somme, une initiative qui a du chien – et du chat aussi…

Audrey Chauveau / Photo : © Cécile Fauré

À visiter / www.stylaine-dogs.fr

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