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Idées larges et culottes courtes

Cos I said so © Annick Strynckx

Plus écolo, plus inclusive, la mode enfantine a opéré sa mue ces dernières années, mais reste rarement exposée. D’ailleurs, cela fait vingt ans que le Musée Mode et Dentelle n’avait pas exploré le sujet. Avec Kidorama, l’institution bruxelloise passe en revue les questionnements qui agitent le monde de la fringue pour les 0-12 ans, le tout à hauteur de môme.

Sapés comme jamais, nos bambins ? En tout cas, les réserves du Musée Mode et Dentelle regorgeaient de pièces pour enfants qui méritaient un coup de projecteur. « Se replonger dans nos collections nous a permis de confirmer que le sujet était très riche, décrit Mathilde Semal, la commissaire. Pour chaque thème, nous interrogeons les grands tournants et comparons les vêtements d’aujourd’hui à ceux du passé, avec des textes courts pour les plus jeunes, agrémentés de modules ludiques et éducatifs ». Habituellement plongés dans la pénombre pour protéger les textiles, les espaces du musée prennent des couleurs avec 107 silhouettes réparties en sept chapitres, traduisant la place de l’enfant dans notre société.

Mini-moi

Il s’agit d’abord de déconstruire le cliché d’une mode calquée sur celle des adultes, en montrant les adaptations réalisées pour le confort des petits, comme les pantalons de lingerie glissés sous les crinolines au xixe siècle. Ce parcours décrypte aussi la tendance “mini-me” initiée par Jeanne Lanvin et réactualisée par des griffes comme Gucci, « portées par Beyoncé et sa fille ». Et puis, à l’heure où les nouveaux labels cultivent la mixité, « nous montrons que ce courant ne vient pas de nulle part », précise la commissaire, qui a sélectionné des robes de garçonnets. On examine par ailleurs les stéréotypes de genre associés aux couleurs.

Mise au vert

Tandis qu’un focus nous en apprend plus sur le costume marin et la robe à smocks, deux modèles à l’incroyable longévité, une autre section met des paillettes dans les yeux des petits et de leurs parents en regroupant des créations de maisons de luxe. Cardin, Balmain ou Baby Dior ont effectivement perçu tout le potentiel des lignes “kids”. Et parce que les créateurs vivent aussi avec leur temps, la section “Laborama” évoque les initiatives durables, entre vêtements réversibles (Bonjour Maurice), tailles uniques (Petit Pli) et “zéro déchet” (Infantium Victoria). Une façon de rappeler que « la mode est une industrie polluante », mais sans la diaboliser. En conclusion, nos chères têtes blondes sont conviées au bar… à matières, pour s’émerveiller devant des chutes de laine, de cuir ou de coton – comme des grands.

Marine Durand / Photo : Cos I said so © Annick Strynckx
Informations
Bruxelles, Musée mode et dentelle
08.07.2022>05.03.2023mar > dim : 10h-17h, 8>4€ (gratuit -18 ans)
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