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Reparti pour un Dour !

Alex Stevens © Samuel Hertay

Huit plateaux, des nouvelles scènes, près de 250 artistes… et trois jours de warm-up. Après deux années cauchemardesques, le festival de Dour soigne son retour, promettant une 32e édition XXL, qui serait même « la plus dingue de son histoire ». Des noms ? Carl Cox, Angèle, Loyle Carner, Roméo Elvis, Metronomy, Flume… on en passe ! Au pied des éoliennes du Haut-Pays, entre têtes d’affiche et découvertes, le rendez-vous wallon est plus que jamais dans le vent. Alex Stevens, le co-programmateur, nous dévoile quelques pistes.

Comment avez-vous envisagé ces retrouvailles ? Pendant deux ans on a préparé des programmes, de nouvelles scènes… avant de tout jeter à la poubelle. C’était assez dur. Pour notre retour, il fallait marquer le coup. On a donc eu une idée. Sachant que notre public arrive largement à l’avance, on a décidé d’ouvrir le camping dès lundi, soit trois jours plus tôt. De quoi initier un vrai festival rythmé par quatre soundsystems. On l’a nommé le CampFest. L’accès est gratuit pour ceux qui ont acheté leur pass “cinq jours” en 2020 ou 2021. C’est notre cadeau pour les fans.

Y a-t-il d’autres nouveautés ? Oui, on lance une nouvelle scène electro : la Chaufferie. Les habitués connaissent déjà la Balzaal, en plein air. Là, il s’agit plutôt d’un club géant, sous chapiteau. On y écoutera de la dark techno, de la drum’n’bass, du dubstep…

Comment avez-vous conçu cette nouvelle affiche ? Dour doit toujours être à l’avant-garde. Reprogrammer des artistes prévus pour les éditions de 2020 et 2021 n’était donc pas jouable. Il fallait concevoir un line-up qui nous excite à nouveau.

Dans quel sens ? On n’avait pas envie de monter une édition belgo-française ou européenne car Dour mise sur la diversité culturelle. Mais difficile d’attirer des artistes issus de tous les continents car l’hiver dernier on ne savait pas comment la pandémie allait évoluer. Beaucoup de nos offres n’ont d’ailleurs pas abouti… Mais on a quand même réussi à programmer des artistes des quatre coins du monde. Par exemple l’Australien Flume, qui tenait à revenir chez nous huit ans après son premier passage. On a aussi noué un partenariat avec Nyege Nyege, à la fois un collectif, label et festival ougandais qui défend un nouveau genre d’electro ultrarapide, avec notamment Singeli Movement, la Sud-Soudanaise Turkana ou la New-Yorkaise quest?onmarq.

Justement, sur quels artistes voudriez-vous attirer l’attention ? À Dour, il y a plusieurs festivals en un. Pour les fans de musique électronique, l’événement c’est bien sûr la venue de Carl Cox, dont c’est la première fois ici. La Balzaal propose aussi une grosse affiche tous les jours, avec Laurent Garnier ou Amelie Lens. Côté hip-hop francophone, citons Vald et Laylow, attendus sur la grande scène, quand la Boombox accueille du beau monde, notamment GoldLink ou Princess Nokia. Enfin pour le public plutôt “indé”, il faut rejoindre Le Labo et La Petite maison dans la prairie, accueillant Metronomy, Parcels et notre coup de coeur belge, Charlotte Adigéry et Bolis Pupul !

Dour, c’est aussi l’occasion de belles découvertes, n’est-ce pas ? Oui, et il ne faut pas rater le rappeur catalan Morad, en passe de devenir un très grand. Pour le dire vite, il se situe entre la drill et la musique espagnole. Côté electro, je recommande une DJ anglaise, Mandidextrous, qui délivre une drum’n’bass survoltée, qu’elle nomme “speedbass”. On l’écoutait en boucle durant le confinement. Pour l’indé, on s’est fait un petit kiff en programmant en ouverture Star Feminine Band, soit un groupe de filles originaires du Bénin qui jouent du garage rock. Enfin, n’oublions pas la saxophoniste Nubya Garcia, qui mêle reggae, dub et jazz.

Quel est le profil type du festivalier de Dour ? Le public est de plus en plus diversifié. Grosso modo, les 18-20 ans viennent pour le hip-hop et les 25-45 ans pour l’electro et l’indé. On joue donc les équilibristes !

Et vous, c’était quand votre premier Dour ? En 1997, j’avais 14 ans. J’avais réussi à convaincre ma mère de partir seul et à choper un pass gratuitement, car je bossais pour une radio locale. J’avais mis de l’argent de côté mais après seulement deux jours, je n’avais déjà plus rien, et je ne me nourrissais plus que des biscuits donnés par ma mère ! Je suis rentré vidé mais j’ai pu voir tous les concerts que je voulais. J’étais à l’époque dans une phase un peu metal, je me souviens de No One is Innocent, Cornershop ou de Vison of Disorder, un groupe de punk hardcore que j’adorais. C’était génial.

Sinon, quels sont les concerts qui vous ont le plus marqué ici ? Je suis devenu programmateur en 2004, et j’avais d’entrée pris une claque, avec notamment Karate ou Explosions in The Sky. Je me souviens aussi de 2009 et du concert en 5.1 d’Aphex Twin et de Tim Hecker. On avait placé des enceintes au milieu du public, le son virevoltait littéralement dans les airs… Citons aussi l’édition 2008 avec la première date de Foals en Belgique et celle du Wu-Tang Clan, qui n’était pas venu en Europe depuis des années. Sans oublier le concert de TNGHT, en 2012, rassemblant Hudson Mohawke et Lunice. On découvrait alors un nouveau style de musique, qui allait enclencher la trap et le dupstep… Bref, ça fait pas mal de souvenirs !

Avez-vous aussi en tête un événement un peu dingue ? En fait, ce sont tous ces moments inattendus, comme des demandes en mariage ou alors quand des artistes se joignent à d’autres de façon spontanée. Je pense à Mike Patton qui est monté sur scène lors d’un concert d’Amon Tobin…. D’ailleurs, on essaie de provoquer ces rencontres, en programmant des artistes qui se connaissent sur la même scène, mais souvent ça ne se calcule pas, la magie opère seule.

Quel artiste rêveriez-vous de programmer à Dour ? Dans un sens, j’ai déjà réalisé ce rêve. Ado, j’étais fan des Smashing Pumpkins et on les accueillis en 2013, certes pas durant leur meilleure période. Sinon, les Beastie Boys ou Nirvana, mais là ça va être plus compliqué… même si on pourrait accueillir Dave Grohl un jour, qui sait ?

Qu’est-ce qui tourne sur la platine d’Alex Stevens en ce moment ? L’album de Little Simz, et un artiste qu’on rêve de programmer à Dour : Toro Y Moi. Damso aussi, qui reste un des meilleurs rappeurs. Je citerais aussi Benjamin Epps, et bien sûr Charlotte Adigéry et Bolis Pupul, dont j’écoute l’album au moins une fois par jour. Sinon, j’aime me repasser un bon vieux Gil Scott-Heron ou Animal Collective… En fait, à Dour, on aime la bonne musique, en restant ouvert à tous les styles, tout simplement.

Propos recueillis par Julien Damien / Photo : Alex Stevens © Samuel Hertay
Informations
Dour, Parc éolien de Dour
13.07.2022>17.07.2022mer : 19h • jeu& ven : 14h30 • sam & dim : 13h30, 1 jour : 180/ 88€ • 5 jours : 330 > 195€

Sélection / 13.07 : Star Feminine Band, Nyege Nyege, Singeli Movement, Turkana, quest?onmarq, Carl Cox, Parcels, Caballero & JeanJass, Charlotte Adigéry & Bolis Pupul, DJ EZ, Monika Kruse // 14.07 : Amelie Lens, Booba, Gazo, OBOY, Sven Väth, Morad // 15.07 : Ben Klock, Dinos, Gunna, Laylow, Black Country New Road, Erika de Casier, Mandidextrous // 16.07 : Angèle, The Blessed Madonna, Hamza, Laurent Garnier, Metronomy, Niska, Princess Nokia, Alkpote x Luv Resval, Apashe, Biga*Ranx, Danilo Plessow, Yves Tumor, Benjamin Epps // 17.07 : DJ Koze, Flume, GoldLink, Roméo Elvis, Rone, Vald, Josman, Kamaal Williams, Loyle Carner, Mansfield.TYA, Mezerg, Sleaford Mods, Vladimir Cauchemar, Los Bitchos, Mad Professor, Warmduscher + Dour CampFest : 11 > 13.07