Les Goûts et les couleurs
Tout pour la musique
On sait l’appétence de Michel Leclerc pour les comédies, tantôt grinçantes (La Lutte des classes, Télé Gaucho) ou sentimentales (Otez-moi d’un doute). Son 14e long-métrage ne déroge pas à la règle. On retrouve ici ses thèmes fétiches (les rapports entre les classes sociales, le goût du romantisme) et puis, pour la première fois, une de ses vieilles passions : la musique.
Marcia, chanteuse pop en devenir, fait la rencontre de Daredjane, une rockstar à la retraite (quelque part entre Patti Smith et Barbara). À première vue aux antipodes, les deux femmes enregistrent un album ensemble. Mais coup de théâtre : l’icône rock des années 1970 disparaît du jour au lendemain, sans donner d’explication, laissant son héritage à son seul ayant-droit, Anthony. Placier sur le marché de Bures-sur-Yvette, à mille lieues de ces considérations artistiques parisiennes, le jeune homme n’a que faire de cette lointaine tante, et déteste ses chansons – les goûts et les couleurs… Marcia va devoir le convaincre de sortir son disque, tout en défendant la mémoire de son idole. Ces deux êtres que tout oppose vont-ils s’entendre ?
Le bon tempo
“Dis-moi qui tu écoutes, je te dirai qui tu es”. Telle est la question de fond du nouveau film de Michel Leclerc. Sous couvert de lutte des classes feutrée, le réalisateur accomplit un de ses vieux rêves : signer un film sur la musique. Pour cause, il a dans sa jeunesse composé une centaine de chansons, et a débuté derrière la caméra en réalisant les clips de son groupe. Impeccablement interprété par Félix Moati, Rebecca Marder et Judith Chemla, qui fait montre de toute sa puissance vocale dans le rôle de Daredjane (l’actrice est aussi chanteuse lyrique), le film orchestre avec maestria humour et amour, en s’appuyant sur une bande son originale réussie. En somme, Les Goûts et les couleurs ne manque pas de qualités, ni de rythme – c’eût été un comble.
De Michel Leclerc, avec Rebecca Marder, Félix Moati, Judith Chemla… Sortie le 22.06
