Home Best of Chroniques Yann Tiersen

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(Mute / PIAS)

Souvent, Yann Tiersen ronchonne lorsque lui sont rappelés ses débuts et, surtout, le matraquage des ritournelles d’Amélie Poulain. On le comprend : au vu de son parcours, sinueux et loin des foules, aux confins de la noise, de l’épure et de l’électronique depuis plus de dix ans déjà, il est fatigant d’être toujours ramené à cela. Cependant, à l’indépendance d’esprit, cette opportunité montmartroise a ajouté une indépendance financière lui permettant de creuser son sillon depuis sa base arrière d’Ouessant… et chez le prestigieux label Mute. Quelques mois seulement après Kerber (2021), Yann Tiersen publie un nouvel album – son 12e depuis 1995. Pour ce disque titré comme une donnée cartographique, Tiersen a échantillonné le précité Kerber et Dust Lane (2010). Des samples souvent méconnaissables : à peine repère-t-on une bribe kraftwerkienne d’Ar Maner Kozh ici, une nappe ailleurs. De ces prélèvements, le multi-instrumentiste, féru de synthés modulaires, extrait une matière sonore qu’il malaxe à souhait, transformant l’ensemble en une techno analogique et remuante, intransigeante et aux forts relents krautrock, quelque part entre Cluster, Eliane Radigue et Perc – pour le dire très vite.

Thibaut Allemand
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