Home Littérature Guacamole Vaudou

Farce occulte

(c) Le Seuil

Leur rencontre tenait de l’évidence. L’auteur de BD, romancier et pape de l’absurde Fabcaro (Zaï Zaï Zaï Zaï, Le Discours) ne pouvait que s’associer au plus burlesque des clowns modernes, Éric Judor – qu’on ne présente plus. Le duo explore dans Guacamole Vaudou un genre tombé en désuétude mais bien plus riche qu’on ne le croit : le roman-photo.

En attendant une improbable nouvelle saison de l’irrésistible Platane, on retrouve ici Éric Judor affublé d’une perruque, et surtout dans son meilleur rôle : celui du loser candide, toujours à côté de la plaque. Employé d’une agence de pub à la créativité pas franchement débordante (“Mayonnaise Amoros, hmm, j’en applique sur la viande afin d’en accentuer le goût”), Stéphane Chabert est la cible des moqueries de ses collègues (quand ils ne lui jettent pas des chaises sur la tête). Célibataire endurci, il est amoureux de Marie-Françoise (Alison Wheeler), la préposée aux photocopies, qu’il drague assez maladroitement (“ça sent le bourrage par ici”). Mais à la faveur d’un week-end vaudou, coaché par gourou Jean-Claude, notre héros va recouvrer l’étoffe d’un “winner américain”…

Kitsch à gogo

Au fil d’un récit pour le moins loufoque (dans la ligne droite des productions de Fabcaro), soutenu par un casting de “guests” tout aussi surréaliste (Elisabeth Quin, Arthur H, le prix Goncourt Hervé le Tellier…), le duo explore à merveille un genre peu gourmand en moyens techniques, mais aux possibilités immenses – pour peu qu’on ait le talent. Le tout est servi sans guacamole, mais dans une ambiance délicieusement kitsch (papiers peints psychédéliques, vestes à carreaux, minitels en guise d’ordinateurs), comme un clin d’œil à la fonction première du genre, qui trouve ici une nouvelle vie inattendue.

Julien Damien
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