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Trait libre

(c) Rokas Aleliūnas

Originaire de Vilnius, Rokas Aleliūnas affole la toile avec ses posters et illustrations dévoilant des visages énigmatiques, sous le pseudonyme de Casual Polar Bear – « parce que je suis blond, et que j’aime la nature », dit-il. Diplômé de la Vilnius Academy of Arts depuis huit ans, ce graphiste lituanien ne s’enferme dans aucun style, laissant libre cours à son imagination débordante dans des créations minimalistes, pour un maximum d’efficacité. Comment travaille-t-il ? Quelles sont ses sources d’inspiration ? Eléments de réponse.

Avez-vous toujours voulu vous exprimer à travers le graphisme ? Enfant, je rêvais d’être artiste. Mais j’étais bon en maths, comme mon père qui est ingénieur. Je me suis donc un peu cherché. Pendant mes études je me suis d’abord orienté vers le design industriel, j’ai effectué des stages dans des entreprises, travaillé sur le packaging puis en tant que “brand strategist”, c’est-à-dire que je gérais l’identité d’une marque… et j’ai détesté ça ! J’aime la liberté de graphiste freelance, mariant dimension créative et aspect commercial, un peu comme les deux hémisphères du cerveau.

Parlons de votre travail. Comment en êtes-vous arrivé à cette série de dessins colorés, à ces visages à l’expression un peu mystérieuse ? Mon style a évolué au cours des années. Pendant une époque je m’inspirais beaucoup de l’estampe japonaise. Puis je me suis tourné vers les posters, et l’illustration. Pour les visages, je prends souvent modèle sur des photographies. J’ai parfois vécu des choses un peu tristes, qui m’ont amené à créer certains dessins dans cette atmosphère. Au fil du temps, ces visages sont devenus de plus en plus mélancoliques. Mais vous savez, Nietzsche a cette réflexion au sujet de la vie, qu’il compare au fait de grimper au sommet d’une montagne. Durant toute notre existence on poursuit l’objectif d’être heureux et, finalement, ce n’est pas l’arrivée qui compte, mais le processus, le chemin que l’on emprunte pour y parvenir.

La philosophie semble vous inspirer… Beaucoup de choses m’inspirent, on peut le constater dans mes différentes illustrations. Je suis par exemple un fan de culture grecque, j’aime les récits de l’Iliade et de l’Odyssée, les dieux, la magie, les statues… De façon générale, les histoires me plaisent. J’admire aussi Le Caravage, surtout pour ses références bibliques. Demain, je pourrais m’inspirer de Matisse, de ses collages. Pourquoi pas de Picasso. Je me sens aussi connecté avec la nature, sa beauté. C’est un thème que j’aimerai explorer. Je tente également des choses un peu plus abstraites, en essayant de rendre une chevelure plus ronde, plus géométrique. Depuis un an, je réalise quasiment une illustration par jour, ce qui m’a conduit à développer pas mal de styles différents.

Quelles sont vos envies ? J’ai un projet de livre, mais pas encore très avancé. Sinon, mon rêve serait de réussir à créer une œuvre permettant aux gens de passer par toutes les émotions lorsqu’ils la regardent. Une seule illustration, qui serait un peu mon chef-d’œuvre. C’est un gros défi !

Propos recueillis par Marine Durand
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