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Adaptation (in)fidèle

©Shanna Besson - Why Not Productions_R

Doux et féroce, brillant et agaçant : le nouveau long-métrage signé Arnaud Desplechin joue avec nos émotions comme avec notre raison. Servi par un inoubliable duo Léa Seydoux / Denis Podalydès, le film s’appuie sur le roman homonyme de Philip Roth, tout en s’octroyant pas mal de libertés… Tant mieux !

Après Roubaix, une lumière, Arnaud Desplechin s’essaye à l’adaptation littéraire avec cette Tromperie. Comme le titre l’indique, sa fidélité est toutefois à double tranchant. Le cinéaste colle au texte de Philip Roth tout en modifiant la structure de ce puzzle se jouant de la frontière entre fiction et autobiographie. Nous retrouvons le romancier américain (génial Denis Podalydès) à plusieurs étapes d’une relation épisodique avec une jeune anglaise (Léa Seydoux, de plus en plus impressionnante). Mais là où le livre de Roth témoigne parfois d’une misogynie d’un autre âge, le film qu’orchestre Desplechin rend aux personnages féminins, leur voix et leur pouvoir. Les figures “secondaires” (comme l’épouse, bouleversante Anouk Grinberg) nous montrent que l’amante débarque dans une histoire à tiroirs. Grâce à la parole, les rapports de force s’inversent dans un jeu intellectuel et érotique. Si le cinéaste a tourné son long-métrage durant le confinement, son geste ne manque pas de mouvements ni d’invention. Chaque chapitre apporte de nouvelles idées de cinéma, la partition est exécutée avec une joie communicative. C’est en affirmant la toute-puissance du personnage de fiction que le Roubaisien confirme sa place parmi les plus grands

R. Boiteux // Photo: © Shanna Besson - Why Not Productions

D’Arnaud Desplechin, avec Denis Podalydès, Léa Seydoux, A. Grinberg, E. Devos… En salle


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