La Pièce rapportée

Enfant gâté du XVIe arrondissement, Paul Château-Têtard prend le métro pour la première fois de sa vie, et tombe fou amoureux d’Ava, guichetière à la RATP depuis une semaine, et s’empresse de la demander en mariage. Vieux garçon et descendant d’une famille d’ingénieurs, le “fils prodigue” n’a en effet pas suivi l’exemple de ses aînés, et vit toujours avec « maman » alias « La Reine Mère », qui ne voit pas d’un bon œil l’union avec cette “pièce rapportée”. Les noces consommées, le bébé tarde en effet à arriver. La veuve est persuadée qu’un amant se cache quelque part, allant jusqu’à engager un détective…

C’est la lutte filiale

Après La Fille du 14 juillet et La Loi de la Jungle, Antonin Peretjatko signe une comédie à la mécanique bien huilée, où vaudeville et lutte des classes font plutôt bon ménage. Multipliant les clins d’œil à l’actualité, des gilets jaunes à la suppression de l’ISF, le film n’est pas non plus avare d’humour caustique – « Faudra lui faire un test ADN. Imaginez si elle à les gènes de la pauvreté », lance la matriarche à un docteur chargé d’ausculter Ava. Le récit est rendu d’autant plus fluide et drôle grâce une voix-off délicieusement pince-sans-rire. Côté réalisation, les plans longs libèrent les acteurs (comme sur une scène de théâtre) dont la Lilloise Anaïs Demoustier. Philippe Katerine est parfait en bon-à-rien dupe de tout, quand Josiane Balasko excelle dans le rôle de la belle-mère acariâtre qu’on adore détester. Malgré quelques flottements, on se laisse volontiers happer par l’humour tout en décalage de Peretjatko.