Home Best of Chroniques Karrie Fransman et Jonathan Plackett

Le Bel au bois dormant

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Des frères Grimm à Andersen, en passant par Disney, les contes pour enfants tricotent depuis des siècles un imaginaire empli de belles princesses en détresse, de preux chevaliers et de vilaines sorcières. Et si les filles avaient la hardiesse de grimper au sommet des haricots magiques, et les garçons la peau si douce qu’un petit pois dissimulé sous vingt matelas y laisserait des marques ? Le procédé des Britanniques Karrie Fransman et Jonathan Plackett aurait pu être anecdotique, d’autant que ce recueil illustré, inspiré des histoires d’Andrew Lang (le Charles Perrault anglais) a été écrit à l’aide d’un algorithme intervertissant les marqueurs de genre. Il n’en est rien, et l’on est frappé de voir combien les néologismes inventés par les traductrices (“un reinaume”), les renversements de stéréotypes (« elle se rappela que la peur n’est pas digne d’une femme ») ou une inversion dans un titre (Gretel et Hansel) bousculent les représentations patriarcales. Comme l’écrit Marie Darrieussecq dans la préface, on apprend très jeune que « le masculin l’emporte sur le féminin ». Pas dans ce beau livre, à offrir sourire en coin à un oncle en guerre contre contre le “wokisme” ou à une filleule féministe.

Marine Durand

192 p., 20,90€

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