Home Cinéma Oranges sanguines

Affreux, sales et méchants

© The Jokers

Créateur de la compagnie théâtrale Les Chiens de Navarre, Jean- Christophe Meurisse, signe ici son deuxième film. Oranges sanguines porte bien la marque de son auteur : drôle, caustique, irrévérencieux voire trash. Ses représentations de la France d’aujourd’hui sont implacables. Réservé à un public très averti !

Oranges sanguines fut présenté en séance de minuit lors du dernier Festival de Cannes. Voilà qui sied bien à ce film inconfortable. Cinq ans après Apnée, Jean-Christophe Meurisse ne s’est pas assagi. Jugez plutôt : au même moment en France, un couple de retraités surendettés tente de remporter un concours de rock, un ministre est soupçonné de fraude fiscale, une adolescente rencontre un détraqué sexuel. Toutes ces histoires vont s’entrechoquer pour le pire… Porté par des comédiens géniaux et souvent dans l’improvisation, le récit débute comme une gentille comédie décalée, avant que les situations ne dégénèrent. Meurisse dresse un portrait de notre Hexagone au vitriol. Les politiciens y sont faussement mielleux mais vraiment corrompus, les individus pervers se révèlent attachants et les jeunes filles adorables monstrueuses. On ne sait si l’on doit être amusé ou horrifié devant un tel jeu de massacre. Alors qu’Oranges sanguines avance inexorablement vers un final apocalyptique, il ne se départit jamais d’une poésie baroque. Quand Wonderful life de Black (repris par Smith et Burrows) clôt le film, on a beau ne plus avoir aucun espoir en ce fichu monde, on a tout de même envie d’y croire.

Grégory Marouzé // Photo: © The Jokers

De Jean-Christophe Meurisse, avec Alexandre Steiger, Christophe Paou, Céline Fuhrer, Denis Podalydès, Blanche Gardin… Sortie le 17.11

Articles similaires
(c) Michael Crotto / Gaumont