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À contre-courant

Paul Klee, Bastard (Bâtard), 1939. Donation Livia Klee, Zentrum Paul Klee, Berne

Né en Suisse en 1879, d’origine allemande, Paul Klee demeure un artiste majeur du XXe siècle, mais également une énigme. Figure de l’abstraction, sans jamais s’en revendiquer, adulé par les surréalistes, enseignant au Bauhaus, violoniste émérite à ses heures perdues… le peintre est aussi célèbre qu’insaisissable. À Villeneuve d’Ascq, le LaM lui consacre une première exposition sous forme d’enquête, auscultant sa recherche de l’origine de l’art…

« Il serait vain de tenter d’en livrer une vision unique, il y a 1 001 Paul Klee », débute Sébastien Delot. Si elle est marquée par une utilisation virtuose de la couleur (en lien avec la musique), du dessin et de la peinture, mais aussi divers symboles figuratifs, « on ne saurait caractériser une oeuvre de Paul Klee. C’est une surprise permanente », s’enthousiasme le directeur du LaM. Ce « mégacréateur » en constante réinvention s’est en effet fixé un objectif précis : « plonger aux origines de l’art, aux racines profondes de la création, comme s’il en existait une source invisible ». Comment ? C’est tout l’objet de ce parcours.

En marge !

Pour comprendre sa démarche, il faut d’abord situer le contexte historique. Nous sommes entre la fin du xixe et le début du XXe siècle. « C’est une époque de grands bouleversements, avec l’émergence des États-Unis, l’effondrement des grands empires…, résume Sébastien Delot. Ces soubresauts se traduiront par deux guerres mondiales. Dans cette société en ébullition, il lui faut trouver un autre langage ». Paul Klee cherche donc à se distinguer du classicisme qu’il a appris à l’Académie des beaux-arts de Munich. « Il est assez déconcerté par cet art mimétique qui, pour lui n’est qu’une éternelle répétition plus du tout adaptée à son temps », soutient Jeanne-Bathilde Lacourt, l’une des commissaires. Le peintre fréquentera ainsi nombre de courants avantgardistes, du Cavalier Bleu au surréalisme, mais puisera surtout son inspiration dans les marges.

Portrait caché

Mu par cette quête d’absolu, Paul Klee est fasciné par les premières découvertes préhistoriques, mais aussi l’art asilaire, l’art extra-occidental et… les dessins d’enfants, « ce moment où notre regard n’est pas pollué par le monde des adultes et leurs a priori ». Quatre grands thèmes donc, pour autant de chapitres composant cette exposition. Très didactique, à la façon d’une enquête, chaque section du parcours est occupée par un îlot central où sont dévoilées les archives issues de la collection personnelle du maître. Tout autour sont accrochées plus de 120 oeuvres. Parmi elles, citons ce Paysage avec deux fruits II, caractéristique de l’ambivalence de Klee. « Cela ressemble à un paysage, mais en regardant de plus près ces deux fruits noirs, on distingue alors des yeux qui transforment la toile en visage ». Bienvenue dans un “entre-mondes” aux 1 001 surprises.

Paul Klee, Zweifrucht-Landschaft II (Paysage aux deux fruits II), 1935, 49. Gouache sur papier. 13 x 33 cm. Collection particulière. Photo : DR Laure

Paul Klee, Zweifrucht-Landschaft II (Paysage aux deux fruits II), 1935, 49. Gouache sur papier. 13 x 33 cm. Collection particulière. Photo : DR Laure

A LIRE AUSSI / L’INTERVIEW DES COMMISSAIRES DE L’EXPOSITION

Julien Damien // Photos : Paul Klee, Bastard (Bâtard), 1939. Donation Livia Klee, Zentrum Paul Klee, Berne // Paul Klee, Zweifrucht-Landschaft II (Paysage aux deux fruits II), 1935, 49. Gouache sur papier. 13 x 33 cm. Collection particulière. Photo : DR Laure
Informations
Villeneuve d'Ascq, LaM

Site internet : http://www.musee-lam.fr/

Collections permanentes accessibles du mardi au dimanche de 10 h à 18 h.
Exposition temporaire et collections permanentes : 10 / 7 €
Collections permanentes : 7 / 5 €

19.11.2021>27.02.2022mar > dim : 10 h-18 h, 10 / 7 € (gratuit -12 ans)

PAUL KLEE, ENTRE-MONDES

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