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Force d’attraction

© Musée de la Fête Foraine

C’est une collection aussi rare qu’extravagante. À Saint-André-lez- Lille, Didier Vanhecke réhabilite les arts forains et une tradition populaire née à la fin du XIXe siècle. À partir du 2 octobre, des visites sont organisées les week-ends dans ce musée bien vivant. On y découvre un pan oublié de la grande histoire des foires et des bals d’antan à travers des manèges et des jeux parfois centenaires mais en parfait état de marche. Suivez le guide.

Vu de l’extérieur, l’endroit ne paie pas de mine, situé qu’il est au bord de cette longue route bordant une zone industrielle, dans la banlieue lilloise. Pourtant, une fois poussées les portes de cette ancienne carrosserie, c’est une véritable caverne d’Ali Baba qui s’offre à nous. Mieux, un voyage dans le temps : celui des fêtes foraines comme elles se déroulaient il y a plus d’un siècle. Au sein d’un espace de 1 300 mètres carrés sont réunis carrousels antédiluviens, orgues mécaniques, stand de tir à la carabine à plomb, mailloche, bouffe balles… on en passe.

Art libre

Flamboyantes, ingénieuses, luxueuses parfois, toutes ces pièces sont issues de la collection de Didier Vanhecke, qu’il a patiemment bâtie durant une trentaine d’années en traînant dans les brocantes ou les ventes aux enchères. « J’ai acheté mon premier cheval de bois à l’âge de 18 ans, à la braderie de Lille. C’est à ce moment- là que tout a commencé », se souvient le quinquagénaire. Les années ont passé, les trésors se sont accumulés. Pourquoi cette passion ? « Parce que l’art forain est un art populaire témoignant d’un travail de sculpture, de peinture et de décoration exceptionnel, et cela dans tous les styles : rococo, baroque, art déco, art nouveau… ».

© Musée de la Fête Foraine

© Musée de la Fête Foraine

Cet ancien marionnettiste, désormais producteur de spectacles (Divan Production) est intarissable sur le sujet, et pourrait parler des heures des Français Gustave Bayol, Coquereau et Maréchal, du Belge Devos, de l’Allemand Friedrich Heyn dont il exhibe un “éléphant banquette” en partait état. Derrière toutes ces pièces se cache aussi l’histoire oubliée d’une tradition prégnante dans les pays d’Europe du Nord et aux États-Unis, où le spectacle côtoie la vulgarisation scientifique. « Imaginez-vous à la fin du XIXe siècle : il n’y a pas un zoo dans le pays. La première fois que la population voit un animal sauvage, c’est dans les fêtes foraines, resitue notre hôte. Dans les villages, on découvre également comment on duplique la voix avec des cylindres de cire, les premiers films des frères Lumière, des Vaudeville, la fée électricité même… ».

© Musée de la Fête Foraine

© Musée de la Fête Foraine

Ils nous font tourner la tête…

On danse aussi grâce aux bals itinérants, ici reproduit dans un Magic Mirrors (ou Palais des Glaces) à taille réelle, avec ses alcôves, ses 800 miroirs biseautés, ses sièges en velours… Parmi ces attractions d’exception, citons enfin ce carrousel britannique datant de 1895 et signé Orton et Spooner où s’ébattent quelques paons en bois « très fréquents dans le bestiaire anglais. En France, l’animal porte malheur car il représentait la monarchie. Depuis la Révolution, les forains les évitaient ». Ici, les têtes ne tombent plus, elles tournent !

Julien Damien // Photos : © Musée de la fête foraine

Musée de la fête foraine

Saint-André-Lez-Lille – 136 rue Félix Faure, visites guidées sam & dim : 10 h 30, 15 > 10 €, www.museedelafeteforaine.com

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