Marie Davidson & L’œil nu
La fine équipe
Marie Davidson : un nom qui rugit comme un moteur parfaitement chromé. Après une poignée d’albums où le malaise se promenait en roue libre sur des chemins pas vraiment balisés, la Canadienne s’associe à L’œil Nu pour voguer vers des horizons fuligineux. Contrôle technique.
Marie Davidson et Pierre Guerineau ne sont pas des inconnus, pour qui a les oreilles tournées vers Montréal : le duo est aussi connu sous le nom de Essaie Pas. Une invitation au découragement qui a pourtant convaincu des labels tels DFA ou Ateliers Ciseaux, entre autres, séduits par cette electro minimaliste surgie des bas-fonds. Depuis 2014, la Canadienne a livré des albums intimistes et angoissants, jouant avec les limites de l’absurde et du langage, façon Beckett ou Ionesco (écouter Your Biggest Fan pour s’en convaincre). Mais voilà, des années à se produire seule sur scène, à voyager en solitaire, d’aéroports en halls de gare, ont eu raison de son envie – voire de sa santé mentale. D’où ce besoin de revenir en groupe, de partager, d’échanger. Délaissant le talk-over d’autrefois, Davidson se lance alors pleinement dans le chant et, avec L’OEil Nu (soit Guerineau et Asaël R. Robitaille), fait place à la simplicité, l’immédiateté. En découle un son qui n’est pas sans évoquer Justice (les éclats de basse du single Renegade Breakdown) et plus généralement celui de Chromatics, véhicule des passions romantiques et rétro-futuristes de Johnny Jewel. En somme, la Canadienne négocie un dérapage contrôlé et nous cueille à l’arrivée.